Le Courrier du Cinéma (mars 1939)

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LE COURRIER DU CINEMA Vol. 4 — Numéro 8. Paris dame le pion à Hollywood Mars 1939 Marlène Dietrich et Grace Moore passent vedettes du film français Dirigée par un cinéaste français Marlène Dietrich pourra enfin prouver au monde qu’elle n’est pas un mannequin mais une artiste remarquablement douée. — Grace Moore va créer pour la première fois à l’écran “Louise”, de Charpentier. MARLENE DIETRICH E cinéma français . . . le premier du monde ! Nous ne qualifions vas ainsi le cinéma français en aveugle. Notre appréciation ne peut être et ne doit pas être l’effet d’un parti-pris ou le fait d’un chauvinisme déplacé. Dans la province de Québec nous sommes plus en mesure que nulle part ailleurs dans le monde de juger de la production cinématographique universelle. Sur nos écrans un choix s'offre à notre attention. Le film américain, le film français, le film britannique lancent chez nous leurs meilleurs succès. Nous achetons en entrant dans la salle le droit de critique et celui plus subtil encore de la comparaison. Or, pour l’inédit du sujet, le nombre sans cesse grandissant des figures nouvelles, l’évolution rapide de sa technique, le film français domine de beaucoup ses deux plus proches concurrents. La Biennale de Venise, les jurys indépendants anglais et américains ont rendu un verdict unanime. Un fait vient de se produire sur lequel l'attention n’a pas été suffisamment attirée. Marlène Dietrich, la rivale de Garbo et la première vedette de la Paramount va tourner un film français, à Paris Mme Grace Moore qui vient de recevoir le ruban de la Légion d'honneur a terminé le film “Louise”, tiré de l’opéra de Charpentier et tournerait deux autres films musicaux en langue française. Pourquoi ces deux vedettes sont-elles allées vers Paris ? La première pour la méme raison qui dégoûtait tellement Maurice Chevalier alors que lui aussi était vedette de la Paramount: la turpitude des sujets et des rôles qui leur étaient assignés. Jusqu’à preuve du contraire — il ne faut jamais oublier “L'Ange Bleu” film allemand qui nous la fit connaître — nous croirons que Marlène Dietrich est une artiste véritable. Hollywood a fait d’elle une sorte de momie glaciale, sans nature, excentrique, vaporeuse, si irréelle que jamais aucun de ses plus grands rôles n’a réussi à nous toucher. Hollywood en fit le prototype de la femme fatale sans réflexe, démon par habitude, être sans âme aux yeux éteints, au sourire de son. Le résultat ne se fit pas attendre. Le public se lassa et l'étoile de la “star” perdit tout son éclat. Or, attendez la venue à Montréal du film français de Marlène Dietrich. La langue de Paris n’a pas de secret pour la blonde allemande. Vous verrez que sous la direction d’un cinéaste parisien, un Duvivier, un Carné par exemple, Marlène Dietrich retrouvera la pleine possession des dons qu’elle n’a jamais eu la chance de faire valoir. Plus de femme fatale, plus de fumecigarette démesuré plus de regards en coulisse, plus de plumes d’autruche, mais une femme vraie, une femme qui vit, capable d’aimer, de souffrir et de vibrer. Le film français va rallumer les feux de l’étoile et une fois de plus la production française prouvera sa supériorité. Il est parfois facile de créer . . . mais refaire, reconstruire, rétablir une vedette dans sa gloire . .. ça c’est du boulot. Les studios français ont pris la gageure et je ne doute pas qu’ils la tiennent haut la main. Autre exemple. Malgré des offres mirobolantes le grand compositeur Charpentier a toujours refusé de laisser filmer son oeuvre maîtresse “Louise”. Tout aussi intransigeant que certains écrivains dans le domaine littéraire, Charpentier ne voulait confier son oeuvre à des mains sacrilèges qui en auraient dénaturé le sens, l’auraient traitée dans le style mélodramatique pour en tirer un film populacier. Mais lorsqu’Abel Gance — on se souvient de son “Grand Amour de Beethoven”, avec Harry Baur, lui proposa de tourner l’opéra dans son texte intégral avec la vedette lyrique Grace Moore qui chanta le rôle à l'Opéra-Comique puis au Metropolitan, Charpentier fut incapable de refuser. Une fois de plus les studios français établissent un record, GRACE MOORE N’est-il pas étonnant de voir une Marlène Dietrich, une Grace Moore quitter Hollywood pour aller tourner à Paris. Qui aurait cru cela possible il y a cinq ans ? Le cinéma français est donc en pleine renaissance. Il fait preuve d’une vitalité extraordinaire. Il se permet même l’audace. Aux deux exemples déjà cités signalons le retour de Simone Simon, de Georges Rigaud qui mésestimés ou incompris par Hoilywood font merveille à Paris. La première dans “La Bête Humaine” sous la direction de Renoir auquel on doit “La Grande Illusion” et le second dans “Accord Final” aux côtés de Kate de Nagy. De plus Fernand Gravey, en vacances, n’hésite pas à sacrifier ses quelques semaines de loisir pour tourner ‘Le facteur sonne toujours deux fois”. On prévoit même qu’il acceptera de tourner pour Duvivier une vie d'Offenbach. Le cas de Duvivier est patent. A son retour d'Hollywood il a avoué qu’il n'avait rien appris à Hollywood. “Ce qu’ils ont nous l'avons en plus petit; ce que nous avons . . . ils ne l’auront jamais !” A mots couverts Duvivier a exprimé une vérité un peu rude, plutôt cruelle mais vraie. Ce qui fait la force du film français c'est sa liberté. Pauvre mais courageux il s’est fait lui-même. Son action a souvent été contrecarrée et brisée par des tempêtes mais il a tenu le coup. Et tout ceci n’est que le prélude. = Le “COURRIER DU CINEMA L'IMITEE! est enregistré au Parlement comme matière de seconde clesse. L'abonnement est de un dollar par année. Représentants: Québec, M. Ls-E, Verret, Cinémn de Paris: Sherbrooke, M. L. Perreault, Cinéma de Paris; Saint-Hyacinthe, M. J. Morin, Théâtre Coronn: Trois-Rivières, M. J.-A. Lapolice, Cinémn de Paris: distributeurs à Montréal, Union News Ltd.; À Québec, Agence Québecolse de Distribution Enrg.; à Chicoutimi, Agence de Journaux Inc.; à Sherbrooke, Librairie Notre-Dame; aux Trois-Rivières, Robert & Robert; St-Hyacinthe, Librairie Choquette. Chaque copie se vend $%$0.08. Adressez toute correspondance au burenu principal, 837 ouest, rue Cralg, suite 1110, téléphone LAncaster 6141. La ‘COURRIER DU CINEMA" est l'organe mensuel officiel de —1a Compagnie MRANCE-FILM et des principaux cinémas français de la province de Québec,