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LE COURRIER DU CINEMA
Le saviez-vous ?
“Y'a de la joie” de Chevalier a été composé par Charles Trenet Le “fou chantant” est un as en son genre. — Poëte loufoque,
enfant de la nature, bohème de la route enchantée il répond aux pessimistes : “Je Chante” quand même.
L est devenu célèbre, en deux mois et trois mouvements, sous le nom de Char
les Trenet —— le sien, celui de son père, notaire à Narbonne —, auquel s’ajouta impérieusement le vocable de Fou chantant, qu’il se donna et qu’il porte comme personne,
Très joliment “fou”, très joliment chantant, Charles Trenet est son propre parolier et compositeur. Et, cela aussi, comme personne. Il y a un “ctyle Charles Trenet”; on l’imite, ce qui est le meilleur signe du succès. Il composa pour le duo Charles et Johnny “les Petits oiseaux”, “la Java chinoise”, ete. Pour Maurice Chevalier, il fit le triomphal Y’« d'la joie! Pour Charles Trenet, il mit au monde des chansons par douzaines, que le disque, la radio, vous ont apprises et que vous n’oublierez plus: Fleur bleue, J'ai ta main, la Polka du roi, le Grand café, Pigeon vole, le célèbre Je chante, etc.
Dans /a Route enchantée, il chantait 11 pleut dans ma chambre, Vous êtes jolie, Boum! la Route enchantée, et il ne chante pas Swing Troubadour, qu’il avait composée également pour ce film.
Dans son nouveau film Je chante... il ne chante pas Je chante, maïs la Vie qui va, les Oiseaux de Paris, Quand j'étais petit, je vous aimais, Ah! dis! ah! dis! ah! dis! bonjour!...
Jolis titres, gonflés de poésie familière, de fantaisie diaprée, de gentillesse, d’attendrissement, de gouaille... Jolis airs, bercés par le rythme du swing jazz et la grâce des sons frais, des harmonies déliLe Le style Charles Trenet à l’état
— J'ai rimé et composé les chansons de ces deux films d’après leur scénario, dit Charles en ajustant, sur sa nuque invraisemblablement blonde et furieusement frisée, le petit chapeau rond, de paille blanche, qu’il a rendu célèbre. La chanson qui arrive en hors-d’oeuvre dans un film, comme une pause, comme un point d’oreue, pour permettre au chanteur de faire son petit effet, est une erreur... Mes chansons de films suivent la ligne de l’action du film...
Car Charles Trenet est venu au cinéma. Et le cinéma a fait là une bien bonne recrue.
Le scénario de son premier film, Ja Route enchantée, était de lui-même. Les dialogues également. Il l’a tourné sous la direction du metteur en scène Pierre Caet pere Moréno, Jacqueline
; Aimos, Caret therine Fonteney. RAPTEES + Hs
Je chante second film du Fou chantant, a été écrit et mis en scène par Christian Stengel. Charles Trenet y a pour partenaires Janine Darcey, Nina Sinclair, Lynda Myren, Félix Oudart, Margo Lion, Carette, Jean Tissier et une troupe de jeunes filles ravissantes car l’action du film se situe dans un collège féminin.
La voix de Charles Trenet, basse, légère, Jeune, nuancée, nous la connaissions déjà. Et aussi son élégance ses gestes joyeux Juvéniles, sincères: son chapeau rond, son inséparable oeillet rouge-fétiche; £on charmant visage blond et rose, ses cheveux couleur de lune, son sourire vif, aux lèvres modelées... Mais nous igno
rions qu’à l’école de la chanson il eût appris à jouer si bien la comédie... Ce chanteur-compositeur est un jeune premier complet. ;
Il est vraiment extraordinaire ce Pierrot transposé dans la vie moderne et exprimant sa rêverie continuelle tantôt vive, drôle ou délicate, sur des rythmes de jazz... Il eût été dommage de laisser ce “Fou” chanter uniquement à la radio.
Maïs ne nous étonnons point que l’atmosphère du studio lui ait paru, dès le premier jour, très familière :
— J'ai fait bien des métiers, dit Charles Trenet. Après mes tumultueuses études, j'ai été décorateur. Un décorateur qui passait le meïlleur de son temps à composer des chansons, à écrire des romans, de petits poèmes. Après quoi — nous y voilà — j'ai travaillé obscurément dans le cinémAa: accessoiriste, clapman, régisseur... En même temps, j'allais chanter, le soir, au Cabaret. Un peu plus tard j'ai dû partir sous les drapeaux: service militaire. Libéré j’ai repris la scène. Et me voilà maintenant revenu au studio, mais de l’autre côté de la camera...
Il a vingt-quatre ans.
Sa présence est un enchantement. La joie qui ruisselle de ses chansons est aussi en lui. Il la communique au studio entier. Il bouillonne d'idées, de trouvailles. Il les dit, il les chante, il les dessine. Il n’a jamais l’air de travailler. Il a dix scenarii en tête, et des projets de mise en scène...
— Je rêve d’un film, ajoute Charles Trenet, dont je serais à la fois l’auteur, l'interprète et le réalisateur.
Une vraie “découverte”!
Un artiste impeccable
En grande demande à la Comédie Française, dont il est sociétaire, Maurice Escande a peu de temps à consacrer au cinéma. Cependant l'artiste impeccable qu'il est a été pressenti pour plusieurs films dont les préparatifs s’achèvent.
‘Le Récif de Corail”
trois films dans un
E film que nous verrons sous peu est un roman d'aventures, mais n'est-ce que cela ? N'est-ce point faire bon marché de certaines scènes extraordinairement ‘“burinées”, qui font de ce roman d'aventures un véritable “roman d’atmosphère”? Les scènes qui se déroulent sur les quais du port de Brisbane, celles qui ont --ur cadre les titanesques usines de Birdsvilie ou l’hôpital de Bridgetown, celles de la tempête à bord du “Portland”, et bien d’autres encore, appartiennent-elles au simple “roman d’aventures”, avec tout ce que l'expression peut avoir de légèrement péjoratif ? Evidemment, non ... 2 Et “Le Récif de Corail” n'est-il pas aussi un roman psychologique ? Les personnages sont des êtres vivants, sensibles et “humains”. Il n’y a rien d’arbitraire dans la conduite de Lilian White, cette émouvante aventurière dont l’âme est restée propre et qu'un grand amour régénérera. De même, il n’y a rien que de logique dans les réactions de Trott, cet étonnant ‘“déclassé”, qui est à la fois un grand seigneur et un vagabond, un criminel et le meilleur des hommes. Abboy, lui-même, le policier . ..
Abboy complique encore le problème. Car Trott, est une homme traqué et Lilian White, elle aussi, doit des comptes à la police. Abboy, tout au long de l’action, mène une enquête. Et qu'est-ce que le roman policier, sinon l’histoire d’une enquête ?
Récapitulons : roman d'aventures, roman d’atmosphère, roman psychologique, roman policier,
Et, cela posé, la tâche devient simple . .. et nous pouvons imaginer aisément ce que sera “Le Récif de Corail”, lorsque nous saurons que Trott est Jean Gabin, Lilian : Michèle Morgan, et Abboy: Pierre Renoir.
Notre portrait-couverture Annie Vernay
TJ tourné mon premier rôle— dans le Mensonge de Nina Petrovna — à quinze ans et demi, et, jusque-là, j'étais plus préoccupée des compositions de fin de trimestre du lycée et des parties de ping-pong du jeudi que de ce que je pourrais bien faire à l'écran. Pour moi — et c’est une chance miraculeuse dont je suis encore éblouie — la réalisation a devancé tous les rêves et les a surpassés. Car mon premier rôle important fut celui de “Tarakanova”. Un rôle de princesse. Du jour au lendemain, je me suis trouvée à Venise, la ville la plus féerique du monde, avec des robes à traîne. des bijoux au cou et aux oreilles, des châles de vraie dentelle, tout entière couverte, vêtue, entourée de somptuosités . . . Cela ajoutait encore au côté ‘conte de fées” de l’aventure. Tout était si merveilleux que cela semblait irréel, et cela m’a aidée à me lancer dans ce métier difficile, moi, avec mes seize ans, mon inexpérience totale, et toute ma gaucherie. Mais j'étais comme les somnambules, car je vivais en plein rêve. Et les somnambules marchent sur le rebord des toits sans tomber. En vérité, c'est un peu ce que j'ai fait dans “Tarakanova”. Je marchais sans m’en rendre compte sur le rebord d’un toit ...Je garde de ce premier film les plus jolis souvenirs de ma vie, une inoubliable impression d’enchantement . . . Maïs je n’ai plus envie de jouer les princesses . . . Je me sens beaucoup plus faite pour jouer les jeunes filles françaises. Et c’est pourquoi mon rôle de “Otages” que je viens de tourner sous la direction de Raymond Bernard me plaît infiniment. Je suis tout aussi satisfaite de “Werther” où j'ai l’honneur de partager la vedette avec Pierre Richard-Willm.