Le Courrier du Cinéma (mars 1939)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

LE COURRIER DU CINEMA INTELLIGENCE VS AMOUR Comment résister aux espionnes Dita Parlo, Vera Korene, Edwige Feuillère? Pierre Fresnay, Jean Murat, Pierre Richard-Willm .qui pourtant ont l’habitude des belles dames tombent facilement dans les filets de ces trop séduisantes tentatrices. PES RONNE a toutes les faveurs du cinéma. Mais les seuls attributs du courage, du sang-froid et de l’astuce ne lui suffisent pas. Elle doit avoir l’inquiétante beauté de Vera Korène, la grâce onduleuse d'Edwige Feuillère ou le charme énigmatique de Dita Parlo; elle doit savoir porter avec la même élégance le tailleur de voyage, la robe du soir et le déshabillé capiteux, car, bien entendu, l’amour étant le principal ressort du drame, l’héroïne doit être aimable sous tous ses aspects. Il ne suffit pas toutefois qu’elle inspire l’amour, elle doit aussi l’éprouver, afin que le spectateur participe au débat cornélien qui, bientôt, opposera le devoir à la passion. Pour cela, l'officier qui détient le document secret ou qui, par son involontaire complicité, facilitera la mission de l’espionne, doit avoir les séductions de M. Pierre Fresnay, de M. Pierre Richard-Willm. Imaginez un instant une dame quelconque, vêtue d’une robe à dix dollars, aux prises avec un monsieur ventripotent : quel que soit l’intérêt patriotique de l'aventure, elle ne suffira pas à vos exigences car, pour vous, l’espionnage n’est que le piment rouge d’une aventure amoureuse. Au surplus, il faut absolument que les principaux personnages soient sympathiques pour que vous partagiez leurs angoisses et leurs débats de conscience et que, faisant cause commune avec eux, vous souhaitiez ardemment les voir déjouer les embüûches tendues sur leur passage. Pas de difficultés du côté mâle. L’intrépide officier qui expose sa vie pour le seul honneur de servir son pays, remporte l’unanimité des suffrages; mais l'optique change du côté féminin, car les “agents” du beau sexe ne sont pas toujours inspirées par des mobiles purs de toute vénalité. Il s’agit donc d’escamoter tout ce qui, dans l'affaire, pourrait gêner l’émotion des honnêtes gens. Aussi bien, la jeune personne proposera-t-elle ses services au 2e Bureau pour venger la mort d’un père ou d’un fiancé, à moins qu’un patriotisme farouche ou la soif de l'aventure ne la pousse à s’enrôler dans la mystérieuse phalange des espions, ou bien encore que la fatalité des circonstances ne l’ait entraînée dans son implacable engrenage. Après Deuxième Bureau, les Loups entre eux, nous eûmes des films d’espionnage historiques ou presque, car il est entendu que l’histoire subit à l'écran les entorses nécessaires. Nul doute que Mlle Docteur ne possédait point le charme de Dita Parlo et que Pierre Fresnay n’eût accordé qu’un regard indifférent à l’espionne allemande plus célèbre pour son extraordinaire audace que par son sex-appeal. Quant à l'odyssée que nous verrons sous peu de “Marthe Richard”, qui met aux prises Edwige Feuïllère et Eric Von Strohem, il est permis de supposer qu’elle est présentée sous une forme très romancée. La saison dernière marqua dans les annales du film d'espionnage par une production de tout premier ordre qui concilie les péripéties d’une intrigue angoissante, et fort habilement conduite, et l’intérêt d’un documentaire sensationnel. Nos lecteurs auront déjà reconnu Double crime sur la ligne Maginot, qui nous initia à la vie des hommes dans les profondeurs des bastions. Ici, Vera Korène est innocente des trahisons dont elle est soupçonnée, mais, pendant un certain temps, compromise par ses rôles précédents, elle nous inspire d’autant plus de méfiance que nous nous rappelons avec quelle froide résolution elle s’acquitta naguère de sa mission dans Au service du Tsar, et que nous voyons encore en elle l’infortunée Danseuse rouge, espionne malgré elle, maïs espionne tout de même. À En même temps que Double crime sur la ligne Maginot, la Bataille silencieuse nous faisait assister dans le Simplon Express aux préliminaires d’un attentat. Ici, l'héroïne est une jeune fille qui, voulant venger son père, devient l'instrument d’une bande de terroristes conspirant contre le gouvernement bulgare. Heureusement que la perspicacité de Michel Simon, l'officier de renseignements français, jointe à l’audace de M. Pierre Fresnay, mué en journaliste, sauveront la Bulgarie, la paix et la jeune fille qui, sous les traits de Kate de Nagy, a fait, vous ne l’avez pas oublié, la conquête du reporter valeureux. Nous verrons Mireille Balin, dans la Vénus de l’Or, <e racheter d’avoir, dans deux autres films, fait le malheur de Jean Gabin, en sauvant Daniel Lecourtois qui incarne ici un bel aviateur traqué par une bande d’espions internationaux. Mais, jeunes filles que l'attrait du romanesque incite à l’aventure, ne croyez pas que pour rencontrer l’amour il vous suffise d’aller proposer vos services aux grands espions. Simone Simon fait maintenant lafmoue au cinéma américain {UP mélange de femme-enfant, de jeune chat — elle miaule aussi bien qu’elle parle — avec un petit quelque chose de pékinois dans la physionomie. Taille: modèle réduit. L’Austin de l'écran... Blonde ou brune, sa chevelure est toujours une masse gonflée et mobile qui remue et se dresse, de chaque côté de la tête, à la manière chien. Le front haut et bombé d’une petite fille à qui on a donné trop de devoirs à faire. L'oeil d’un chatton, candide et méfiant. Des cils si longs que le nez se retrousse joyeusement pour pouvoir s’amuser à être chatouillé par eux. Les larges lèvres débordantes d’une “vamp”’, mais une moue de bébé. Elle s'exprime, à la ville et à l'écran, surtout avec cette moue, cette fameuse moue... Très expressive, heureusement, parce que, pour peu que vous ayez l'oreille un peu dure, vous n’entendrez pas sa voix si vous ne la lui renforcez pas d’un pick-up. Elle n’a pas l’air d’une grande personne, n’en sera jamais une. “g JEAN-PIERRE AUMONT et MARTHA LABARR 15 Toujours en vedette Germaine Aussey demeure l’une des plus belles vedettes de l'écran français. Maints films ont consacré ses dons multiples et bientôt nous la reverrons dans une bel'e série de futurs succès. Les histoires de Jules Berry ULES BERRY est d’une tranquillité qui, reconnaissons-le, peut parfois sembler du cynisme. — Quel beau métier que le cinéma, faisait-il voici quelque temps. Ainsi tenez . .. dans un film . . . le premier jour j'ai dit Flûte ! . . . Le lendemain, j'ai dit: Ah! flâte ! . . . Le troisième jour, je n’ai rien dit du tout ... Le naïf qui l’écoutait s’ébahit : — En effet, ce n’est pas un métier fatigant ! * Alors, Berry, désinvolte et dédaigneux : — Je vous l'accorde, mais quand on vous garde huit heures pour dire tout ça, on se sent un peu ballot tout de même . . . Pas fatigant peut-être . . . mais vexant, voilà ! Et puis em . .. poisonnant ! .. . les jours de courses surtout ! ... X Aussi est-il fort heureux dans Accord final, qu’il a tourné à Epinay. Epinay, c'est tout près de la piste d'Enghien. Berry a acquis une habileté suprenante dans l’art de calculer la durée des scènes dont il ne sera pas. Quand d’autres vont prendre l'air ou une tasse de thé, lui suppute : “J'ai le temps de voir courir la seconde !” Et il part. Et il revient. A l’heure, sans manquer., Un jour, il avait ‘‘eu”’ la première, tourné pendant la seconde et la troisième, et compté qu’il pouvait ‘avoir la quatrième. Seulement sa voiture était en panne. Trouver un taxi à Enghien pour rentrer, c'était facile. En trouver un à Epinay pour gagner (si on peut dire !) Enghien, c'était impossible. Du moins impossible de l'avoir assez vite. Un journaliste partait, rentrant à Paris. — Cher monsieur Un Tel, je suis sûr que vous passez par Enghien . .. —Je n’en ai pas la moindre intention, avoua bonnement l’autre. — Oui, mais moi j'ai perdu dix mille francs dans la première ... — Et vous voulez continuer ? Il fallait le dire. A votre disposition . .. Il déposa Jules Berry au champ de courses. Mais le plus drôle, c’est qu’il rattrappa sa perte et rentra en fort bénéfice.