Le Courrier du Cinéma (juin 1939)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

18 Un jeune premier sportif Jean-Pierre Aumont Silhouette fine, robuste, gestes aisés —un artiste qui préfère le beau travail au grand succès sans suite ASSURONS tout d’abord les admiratrices de Jean-Pierre Aumont auxquelles un mari dépité ou une vieille amie raisonneuse auraient insinué que les idoles cinématographiques sont parfois, dans la vie, fort décevantes: Jean-P:erre Aumont est exactement aussi charmant qu’elles se l’imaginent. Peut-être faudrait-il commencer par le décrire: hors de ses films, il est comme dans ses films; la silhouette fine, jeune, robuste; le geste aisé; les yeux bleus et le sourire frais sous une broussaille de cheveux blonds parfaitement rebelles. —C'est sa blondeur qui fait son charme! disaient les grincheux, Les cheveux blonds, ça attendrit les femmes. : Or; pour un film, on l’a teint en noir. Brun, notre jeune premier était aussi séduisant que la veille avec le front plus rude, la mâchoire plus découpée, par contraste. De quoi, en somme, achever de bouleverser les spectatrices. Il a vingt-six ans. Il les paraît quand c'est nécessaire mais, en général, il n’est LE SOURIRE DE QUATRE JOLIES PARISIENNES pas possible de lui donner plus de vingt ans, ni dans les films, ni dans da vie. Une extrême jeunesse éclate en lui. I a les cheveux en bataille, le pas vif et le sourire candide d’un collégien. La cordialité de sa poignée de main, la sincérité de son regard et la gentillesse de son accueil ne sont plus à vanter. Il rit volontiers, plaisante comme on respire, arrache aussi souvent que possible son col et sa cravate, et plus souvent encore n’en porte pas, s’assied dans un fauteuil, pose ses pieds sur une chaise et explique avec une simplicité idéale que sa haine des contraintes est une tendance très ancienne: —Mon enfance est pleine de souvenirs qui trahissent déjà mon indiscinline. D'abord, j'ai toujours refusé de manger quand il fallait manger et de dormir quand il était normal de dormir. Un enfant terriblel…., Et avec ça, des distractions inédites: à cinq ans, je mettais le feu dans l’appartement de mes parents “pour voir arriver les pompiers”, et je renversais le poivrier dans les plats, au cours d’un dîner, “pour voir la tête des invités”. “Mes études! Ah! mes études furent une ‘corrida perpétuelle. Je dois détenir le re cord des renvois successifs d’un lycée à un autre! que voulez-vous? La classe m'’ennuyait, et, bravement, je le proclamais et le prouvais. Malgré tout, un effort héroïque, une crise de bonne volonté me permirent Ces figurantes sont de charmantes écolières dans le film “Je Chante” de Charles Trenet Pas moins de cinquante jeunes filles comme celles-ci sont la grâce de cette production où Trenet se surpasse. LE COURRIER DU CINEMA d'avoir mon diplôme. Après, j'entrepris d'autres études, Mais celles-ci ne m’ennuyaient pas, au contraire: elles m'enivra‘ent, elles m’électrisaient, elles... C'était au Conservatoire. Il a un sourire doux et lointain, plein de gratitude et d'émotion. Ses premières joies artistiques, ses premiers succès, il les doit au Conservatoire, puis au théâtre. XX x * Mais que voici donc un homme célèbre sympathique et peu imposant! Il ne se prend en aucune façon pour la huitième merveille du monde. Et wcependant quel courrier de vedette est plus flatteur que le sien ? Il lit toutes les lettres avec beaucoup d'attention et de reconnaissance. Et il en tire des conclusions surprenantes de fraicheur: —Les gens du Nord, surtout, m’écrivent, Peut-être leur suis-je sympathique parce que je suis blond, pareil à ceux de leur race? Mais quand le Midi m’aura vu en brun, peut-être m’aimera-t-il aussi? La sympathie est le climat idéal de JeanPierre. Et l’amitié joue un grand rôle dans sa vie: —Trava:ller cordialement avec de bons copains, ça c’est incomparable! Et avoir des amis donc! de vrais amis comme le sont pour moi Claude Dauphin, Rosine Déréan.…. X x x Cet ex-mauvais élève est un interprète fort docile —Ce sont les personnages gais, les rôles fantaisistes que j'aime entre tous... Affirmation qui a son prix chez un jeune acteur que l’on rencontre habituellement dans des situations fort pathétiques. — Ne croyez pas, ajoute vivement JeanPierre, que je mésestime mes rôles dramatiques; tourner avec le subtil Marcel Carné, ou avec le sensible Léonide Moguy, de poignantes histoires qui feront pleurer les gentilles spectatrices , . . tout cela compte aussi parmi les beaux instants d’une carrière. Mais je conserve une tendresse toute spéciale pour les moments gais. Je voudrais tourner une comédie éperdue, quelque chose de désopilant! .Si, en “J.-P. A.”, le comédien aime les rôles gais, l’homme ame aussi parfois le recueillement, le calme, la mer; et, toujours, la lecture et la musique. — Et les sports ? — Les sports aussi, bien sûr, le cheval, le ski, le yachting . . — La natation . .. — Evidemment! Ah! vous dites ça en pensant à Lac-aux-Dames! Au fait, avezvous remarqué que ma destinée cinématographique est attachée à l’eau? — Comment ? — Oui. Je veux dire: il est fréquent qu’un rôle m’oblige à me jeter à l’eau. Tenez, procédons par ordre: dans Lac-auxDames, je nageais d’un bout à l’autre du film. Dans les Beaux jours, j'eus une scène de baignade, Dans la Porte du Large, mon canot chavirait en vue du yacht de Marcelle Chantal. Dans Maman Colibri, je rencontrais Huguette Duflos à la piscine, Dans Belle étoile, je repêcherai Meg Lemonnier dans la Seine. Il ne me manque plus que la descente en scaphandre! .— Vous êtes voué aussi aux climats troPicaux: vous avez vu les Antilles avec le Paradis de Satany l'Afrique avec le Messager, Maman Colibri, S. O. S. Sahara . .. — $. O. S. Sahara! Quelle équipéel Six semaines dans les sables, autour de Touggourth! C'était d’ailleurs très beaul Vo” ne pouvez pas imaginer le ciel africain, la nuit; les étoiles paraissent toutes proches: Et le beau jeune homme se prend à rêver! “