Le Courrier du Cinéma (avr 1940)

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ANALYSE ET CRITIQUE DES FILMS Les trois meres Comédie dramatique Réalisation: Jean Boyer. Auteur: André Birabeau. Musique: Van Parys. Interprétation: Michel Simon. Gabrielle Dorziat, Arletty, Jean Paqui, Marguerite Moreno. Jeanne Lion, Jane Lory, François Perrier, Gisèle Prérille et Pierre Larquey. Production: Héraut-F'ilm. CARACTERE DU FILM. — Un film absolument délicieux, d'une finesse et d'un sentiment rares. Louons sa grâce, son tour familier, ses nuances tendres et la cocasserie très fine de ses tableaux où trois ‘‘mères" d'âge différents viennent arracher un jeune homme de 18 ans à la neurasthénie et aux grosses bêtises de son âge. L'intérêt qui nous attache aux personnages est assez puissant pour que nous subissions le doux sortilège d'un film intelligent, racé et doté d'un dialogue de classe. SCENARIO.—Gilbert, dont le père est constamment en voyage, ne connaît pas la véritable affection maternelle, En effet, sa mère est morte à sa naissance et son père s'est remarié et a divorcé trois fois. Gilbert s’est épris d’une chanteuse de cabaret. Pour elle, il a volé son patron et tenté de se suicider. À son chevet d'hôpital, ses trois demi-mères sont accourues ct se sont rencontrées. Les trois femmes essayent chacine à leur manière, de redresser l'esprit et le coeur de l'enfant qu'elles ont aimé. Elles conviennent cependant qu'à elles trois ciles ne font pas une mère véritable, Sur ces entrefaites, le père rentre. C'est lui qui rendra le courage à son enfant en acconplissant auprès de lui son devoir de père et de protecteur. TECHNIQUE. — Le film est remarquablement conduit, monté et dans de ravissants décors, nous suivons les tableaux amusants, émouvants, ironiques et malicieux, Par la vérité humaine de chaque personnage, par la qualité de l’observation, la finesse du texte, ce film est une véritable réussite dans un genre difficile, INTERPRETATION. — Que de gens de talent dans ce film. avec Michel Simon dans l'incarnation d'un savant érudit, bavard et brave homme, rôle qu'il crée avec autant d'humour que de pathétique discret, avec Arletty et Dorziat spirituellement campées, en mères bien différentes, tant dans le langage et l'accent que dans l'habillement, avec Pierre Larquey qui joue le patron “liseur de caractères par la voix”, avec humour et tact et l'inimitable Moreno, Jeanne Lion, Jane Lory, excellentes. 30 Je t’attendrai Drame Réalisation: Léonide Moguy. Dialogues: Aarcel Achard. Musique: Honcgger. Interprétation: Jean-Pierre Aumont, Corinne Luchaire, Berthe Bovy, Aimos, Delmont, Berge. ron, Armontel, Palmyre TLevas seur, Roger Legris. Production: Eclair-Journal. CARACTERE DU FILM. — L'action située dans un village près du front, en octobre 1918, dure à l'écran ce qu'elle est sensée durer dans la fiction. De cette condensation de l'action se dégage quelque chose de nouveau, de fort, de sensible qui agit tellement sur le spectateur que, inconsciemment, il participe à l'action et subit, luimême, violemment les réflexes du héros du film. Comme chaque spectateur réagit selon son tempérament et aussi selon sa mentalité.. ce film sera discuté et apprécié. SCENARIO. — En 1918, pendant un arrêt d'un train de troupe, Paul Marchand s'échappe pour embrasser ses parents dans le village voisin. Il veut surtout revoir Marie, sa fiancée, recueillie au foyer paternel. Mais Marie a été, par jalousie, chassée par la mère Marchand, et maintenant elle sert dans une cantine militaire. Paul la retrouve, lui affirme son coeur, et veut la ramener à la maison. Marie résiste d'abord puis accepte, mais le cantinier s'y oppose, En luttant avec lui, Paul l'assomme et croit l’a voir tué; une bombe d'avion allemand fait flamber la cantine. Paul courra pour prendre son train à temps, tandis que Maric et la mère de Paul réconciliées, lc regarderont partir persuadées quil reviendra sauf. TECHNIQUE. — Abandonnant résolument tout artifice, Moguy a tourné dans un village reconstitué avec réalisme, Pour les scènes en campagne, le train, le bombardement, la course dans les bois, la technique photographique frappe par son apparente simplicité, et sa réelle richesse de tonalités. INTERPRETATION.—JeanPierre Aumont est remarquable: il est sobre et sensible, I1 a joué avec émotion le rôle du jeune soldat, personnage arbitraire. Le rôle de la petite Marie, sauvageonne passionnée et boudeuse. est tenu avec grâce, un peu de langueur et aussi avec une brusquerie nécessaire par Corinne Luchaire. Delmont ‘(le père), Aimos (le sergent), Armontel, Roger Legris ét Bergeron jouent avec beaucoup de relief des rôles courts, Berthe Bovy est une grande actricè, et fait blen ressortir le caractère égoïste du rôle de la mère abusive... Grisou ou n Hommes sans soleil Drame Réalisation: Maurice de Canonge. Auteur: Picre Brasseur, Musique: J. Armand Petit. Interprétation: Pierre Brasseur. Aimos, Madeleine Robinson. Odette Joyeux, Lucien Galas, Artluur Devère. Production: Albatros. CARACTERE DU FILM. — La vie toute de travail, de simplicité et de courage des mineurs du Nord est exposée ici, dans ce film honnête, émouvant et sans chiqué. Tout ce qui a pu être pris sur place l'a é6t6 sans tricherie, avec une importante figuration de vrais mineurs, La vie des ouvriers du fond, le spectacle de leur vie ‘“l'en haut’, leurs amitiés, parfois bouleversées par des rivalités sentimentales, sont traduits avec une émotion et un respect de la vérité qui méritent l'estime. C'est, mieux qu'un grand film, un ouvrage authentique et très documenté sur la dure vie des Mineurs de Charbon, inspiré de la pièce de Pierre Brasseur. SCENARIO. — Haguenauer et Demuyser, touts deux mineurs liés d'amitié travaillent dans le même rameaut de mniine. Haguenatuer cst blessé. Pendant sa convalescence il devient amoureux de la femme de son ami qui, d'ailleurs, n'aime pas son mari et s'éprend du premier venu. Haguenaner se ressaisit tandis que la femme court de nouvelles conauêtes. Un jour c'est au tour de Demuyser d'être blessé dans un coup de grisou; quand il rentre de l'hôpital, c’est pour recevoir les adieux de sa femme qui le quitte. TECHNIQUE ET PRETATION. — Maurice de Canonge a fait un film propre. sain, loyal, où le poétique dialogue de l’auteur, Brasseur transfigure des scènes parfois un peu drues. La décoration, forcément très limitée, semble exacte. La photographie est belle, et l’oeuvre a des moments de pathétique sans truquage: à l'annonce de l'incendie, lorsque la population de la cité minière vient aux nou velles. La troupe du film est jus te et vivante: la ravissante Madeleine Robinson, Odette Joyeux, si jeune, et les mineurs bien campés par Devère, Pierre Brasseur. Aimos, ce dernier qui se taille un succès personnel. Lucien Galas joue intelligemment un rôle Ingrat. INTER Les cinq sous de Lavarede Comédie d'aventures Réalisation: M, Cammagc. Auteurs: Paul d'Ivoi et brillat. Musique: Oberfeld. Interprétation: fernandel, Jean Dax, Josette Day, Marect Vallée, Félix Oudart, Andre, André Roanne, Jane Fusier-Gir, T'emerson. Production: Films Lararède. Cha CARACTERE DU FILM. — Voici un spectacle ingénieux, gai, mouvementé et d'excellente tenue morale. Pas un mot grossier, pas une image qui choque. Et c'est constamment varié, vivant, inattendu. L'adaptation moderne des aventures de Lavarède, création romanesque de Paul d'Ivoi, fera la joie de tous les publics. C'est le type même de la grande comédie d'aventures, joyeuse, luxueuse etsympathiquement menée par une troupe pleine d'entrain et de talent, en tête de laquelle se détache l'inimitable Fernandel, Lavarède débrouillard et communicaitf. SCENARIO.—Lavarède, pauvre bougre sans le sou, se troure un beau matin à la tête d'un important héritage. IL ne peut le toucher qu'à la condition de faire le tour du monde, avec 5 sous dans sa poche. Il lui arrivera toutes sortes d'aventures. Mais il touchera l'héritage et de plus il aura la main d'une délicieuse jeune fille. TECHNIQUE.—Sur un rythme bondissant et dans un style clair et souriant, avec de beaux décors vastes et brillants et parfaitement photographiés. Maurice Cammage, avec une collaboration technique de premier ordre, a réussi: un excellent film comique et mouvementé qui promet de réjouir les publics les plus divers. Il y a des scènes de haut comique, notamment—s{ je puis dire—l'exécution par la chaise électrique de Lavarède pris pour un gangster. et la danse des bayadères hindoues parmi lesquelles s’est glissé Lavarède. La mise en scène est somptueuse et très bien adaptée aux difficultés du sujet. INTERPRETATION. — Fernandel est drôle, sympathique et d’une vie comique intense. Josette Day est tout à fait Charmante ; Jean Dax silhouete un Murlington digne et loyal, et Marcel Val]lée joue, avec esprit, l'odieux Bouvreuil, I1 y a beaucoup de petits rôles fort bienvenus, et notamment le gangster (Andrex) son rival de la pègre, (André Roanne), Milhalesco, Félix Oudart l'amusante Fusler-Gir en danseu, se-princesse, etc. £E COURRIER DU CINÉMA