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“D'angine", Sitôt échappé, ce mensonge me fit mal et couvrit, sembla-t-il mon front d'une honte visible, Je nourrissais une horreur instinctive pour le faux et tout ce qui en général était une contrefaçon du vrai, et voilà que pur une sotte pudeur de jeune femme, en face d'un homme en qui elle a deviné un supérieur, je brouillais de moimême Ja clarté des faits. Tout de suite, je me sentis extrêmement mortifiée, plus encore que jamais, mais je ne fis rien pour rétablir la vérité, ni sur-le-champ, ni par la suite au cours des visites subséquentes du Docteur Dancourt. Une fois de plus, je m'abandonnais au fatalisme à mon ‘“nitchevo” coutumier. Quelle importance cela pouvait-il avoir après tout ? me disais-je en manière de consolation. Erreur, grave erreur! les plus funestes conséquences découlent toujours de situations fausses: tôt on tard on paie sa faiblesse. Le moment n'en était pas encore venu cependant.
A l’amertume née de la faillite de ma vie conjugale avait succédé peu à peu un intérût se dirigeant ailleurs, amené par un nouveau sentiment de puissante envergure, et dont mon médecin n'était rien moins que l’objet. J'avais trouvé en lui un ami sympathique et de rare compréhension qui tentait en me soinant de me rendre non Seulement à la vie physique mais à la vie morale; par un juste retour, je m'étais intéressée à cette profession qu'il représentait si bien, et aimait d’un sentiment unique et profond. Nous en causions de longues heures, discutant et commentant tous les sujets. J'y prenais un plaisir infini et il m’apparaissait que lui-même Guy Dancourt en retirait un bonheur non équivoque qu'il prolongeait, à souhait. Malgré tout persistait chez-moi, à cause sans doute de ma situation anormale, un fond de mélanvolte, sorte de désespoir latent dont il me faisait reproche souvent :
—Rappelez-vous ce judicieux axiome, aisait-il, “La vie est un miroir: il faut lui sourire si nous voulons qu'à Son tour elle nous sourie.”
—11 n'y a dans la vie que lu nature qui sache vruliment me sourire, répliquais-je, chaque fois, Létournant mon regard du sien, vers
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ces vastes étendues du firmament et de l'eau dont nous étions entourés. Leur immensité seule remplit le vide de mon coeur, ajoutnisje un jour.
—C'est léser ainsi la place de l'amour, objecta-t-il alors.
Je tressaillis à ce mot prononcé la première fois entre nous, tandis que lui poursuivait avec une chaleur que je ne lui connaissais qu'aux questions de médecine:
—L'amour, c'est quelque chose d'immense aussi puisqu'un coeur ne suffit pas à le contenir, qu'il en déborde, en est submergé comme dans un océan, et qu'il en chavire sous la poussée violente.
S’approchant de moi, il posa ses deux mains larges de praticien sur mes épaules étroites, et m'attirant vers lui en un mouvement de tendresse protectrice :
—La toute première vous, incomparable amie, me l'avez fait connaître ce sentiment et je n’ai plus que le désir maintenant de vous le savoir partagé aussi sincèrement. Laissez à cet amour que je vous offre le soin de réparer les méfaits dont votre coeur n'est pas encore guéri, laissez-lui Ja tâche douce
de le panser par une adoration sans défaillance,
Je l'arrêtai en le tirant du bras:
—1 ne faut pas m'aimer ainsi, balbutiai-je éperdue, laissant ma tête retomber sur son épaule en une lassitude désespérée, qui contredisait mes paroles. Mon oreille écrasée sur son veston, percevait les battements réguliers de ce coeur d'homme que j'avais conquis sans presque le vouloir, mais auquel tout me commandait de renoncer: Je courage me manquait cependant, bien plus je songeais qu'il serait doux, infiniment, peut-être juste enfin, de confier à cet être d'élite ma vie avortée il Son midi. Je serais donc toujours pareille, impuissante et lâche devant le malheur comme devant la joie, Pitié! je me faisais pitié à moi-même et je ne bougeais pas ; tapie dans son étreinte amoureuse, ne pouvant m'y dérober, ne le voulant pas encore, je berçais ma détresse intérieure des paroles tendres que Si voix étouffée d'émotions me murmurait, que sa bouche chuchotait si près de moi
Auprès de Victor Francen la petite Madeleine Ozeray vient se réfugier. C'est une scène de “La Fin du Jour”. Ce film magistral a aussi pour vedettes Louis Jouvet et Michel Simon. Les cinéphiles l’ont vivement applaudi et ils ont raison.
que j'en recevais l'haleine tiède. Mails je m' redressai tout À coup, mue par je ne sals que] rappel au devoir, et je voulus parler Ce fut son baiser qui vint clore mes lèvres. son baiser ardent qui se mêlait à ma fièvre et l'activait:
—Soyez à moi pour inmais, ma très aîmée, suppliait-il, me précipitant dans l’abîme à mesure que je voulais en sortir. Nous nous aimons tant, n'est-ce pas?
Une vision du passé surgit alors en moi, le souvenir de semblables amours, aux semhlables serments avec cet André qui m'en préférait maintenant une autre, Aucune douleur ne remun cependant mon âme qui ne vibrait plus pour mon mari: toutes les fibres demeuraient muettes, pour lui, et ne dirigealent leur chant plus que vers un autre, qui n'avait pans le droit de l'accenter, Comment eus-je enfin In force de m'incliner devant la loi morale. sévère et stricte, d'échapper à l’enlassement de Guy Dancourt et de lui crier presque d'un timbre rauque qui le fit tituher:
—De grâce, partez, allez-vous en, par pitlé, laissez-mol.
Je le vis blémir puis reculer vers la porte tandis que nlus adoucie et épuisée, j'ajoutais en un souffle: “Demain seulement, je vous parlerai, Ce soir, non, je ne peux pas; fl faut me pardonner et comprendre.”
Ma main tremblante glissa sur la sienne en une caresse de triste réconfort, d’ultime encouragement. Il s'en empara et la baisa avec passion, et s'enfuit sans retourner la tête comme je l'espérais, malgré tout. A ce même moment où il disparaissait, ma fillette surgissait et remarquant sans doute l’expres sion altérée de ma figure, elle vint se blottir contre moi, de la façon câline qui lui était particulière :
—Ma petite Claire chérie, murmural-je presqu'en un sanglot. Je l’embrassai en appuyant sa joue fraîche longuement, sur ma bouche frémissante, Sans savoir pour quelle raison, ni comment, je demandai :
—Tu l’aimes bien, dis, ta maman?
—C'est toi que j'aime le plus au monde, dit l'enfant en soulevant son front pâle, et puis nprès...
—Après? fis-je, plongeant mon regard au fond des prunelles pures.
—Après, c'est papa, et elle ajouta bien vite comme pour se défendre d’une affection naturelle sans doute mais qui pouvait me surprendre, même s’il n'est plus là, c'est papa que j'aime mieux que les autres.
Je répétai en tressaillant :
—Les autres? Que veux-tu dire?
—Oui, le Docteur, par exemple,
—Tu ne l'aimes donc pas lui? de à timidement. mandai-je
Après un court silence, elle me répondit :
—Oui, mais j'aime plus encore mon “vrai” papa.
Je tressaillis à cette explication enfantine et je fermai les yeux, mes yeux lourds encore de pleurs importuns. Pour les retenir, je qus faire un effort inoui et je dis alors avec
ouceur, en cCaressant les cheveux f souples : eux fins et
—Mon trésor!
Tandis que passait et revenait e
rence de fantôme la silhouette 16inta comme amenuisée de mon pauvre mari, le “vral” oui, car il ne devait Y avoir de vé L table, de seul que celui-là dont la faut Fe donnait pas raison à la mienne Sans lé F voir, na fillette venait de me souligner : de
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