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HORS
Notre roman feuilleton
TELLE QU
réalisé en film sous le titre
“LA LOI DU NORD"
Un peu avant que la nuit tombât, nous avions perdu tout espoir de retrouver Dal et nous redescendions avec une certaine hâte. Nous étions arrivés au point où, le matin, nous avions pris pied sur le glacier, quand Shaw, étendant la main, nous montra, plus bas, une crevasse que nous n’avions pas explorée.
Un pont de neige avait enjambé cette crevasse et ce pont s'était rompu. Il nous
‘vint aussitôt à l’idée que le poids de Dal
pouvait y être pour quelque chose.
Notre premier mouvement fut de nous pencher tous trois, sur ces parois aux étranges clivures d'améthyste et d'essayer de regarder jusqu'au fond. Mais la fracture du glacier était irrégulière et formait de notre côté un surplomb qui nous empêchait de voir. Nous réunîmes alors nos voix pour appeler. Mais nos cris demeurèrent sans réponse.
Robert, alors, proposa que l’un de nous descendit dans la crevasse, assuré par les
deux autres. Il était désireux de tenter l’a-.
venture. J'approuvai son projet, mais je lui fis remarquer que je pesais vingt livres de moins que lui et que, par conséquent, c'était à moi de descendre.
11 fouilla dans sa poche, et lança en l’air une pièce de monnaie. Je criai instinctivement ‘‘face”’! La pièce tomba à mes pieds et je vis que j'avais gagné. Je me préparai aussitôt à descendre.
Robert se mit à l'oeuvre pour sculpter dans la glace une sorte de champignon, qui devait former une assurance supplémentaire à celle que Jacqueline et lui allaient me donner. La chose fut rapidement faite et bientôt je disparus dans l'ombre de la fissure.
Quelques préoccupations que j'’eusse, je ne pus m'empêcher d'admirer la beauté de cette caverne glaciaire dans laquelle je me laissais glisser pied à pied. Comme je l'ai déjà dit, les parois épousaient une forme irrégulière.
Au-dessous de la deuxième ondulation, à quelque dix ou quinze mètres de la surface, la neige s'était amoncelée, et sur cette neige je vis une tache sombre. Quelques secondes après, j'étais à côté du corps de Dal].
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Lorsque j'avais reconnu cette forme humaine, j'avais immédiatement pensé que Dal était mort. Je me trompais. Il n’était pas même évanoui, et je ne fus frappé que plus tard du fait qu'il n'avait pas répondu à nos appels.
—Dal! lui dis-je, nous voici.
—Je le vois, dit-il sèchement.
C'était, pour des sauveteurs, un accueil assez froid. Je ne pus m'empêcher d’esquisser de vagues excuses.
—Mais, mon vieux garçon, ce n’est pas de notre faute, si nous ne vous avons pas trouvé tout de suite... Il a neigé et vos traces étaient oblitérées. Sans un heureux hasard...
{1 hausea les épaules, sans répondre.
Je lui passai ma corde autour des aisselles et je criai à Robert:
—Je l'ai! Oh! hisse!
Et Dal disparut vers les hauteurs.
Quelques instants plus tard, je rejoi
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par Maurice Constantin-Weyer
gnis mes compagnons, La nuit était près de tomber. Dal ne pouvait se tenir seul sur ses jambes et nous efilmes un enfer de temps (a hell of a time) selon l'expression de Robert, pour nous tirer de là avec notre blessé,
Je me rappelle avoir pesté, juré, pour
me trouver enfin, assez tard dans la soi
rée, assis avec Robert — Dal entre nous deux —— dans notre tanière, tandis que Jacqueline préparait une espèce de dîner.
Les blessures de Dal étaient légères. Une entorse et quelques contusions sans gravité, juste assez comme il le fit observer, pour nous faire passer Noël et le Jour de l’an dans cette damnée solitude, sans pudding et sans whisky, mais je n'ai jamais vu un blessé plus insupportable, et la façon assez mal gracieuse dont il accepta nos soins nous surprit et nous peina profondément.
—I1 y a, me dit Robert, des vernis qui s’écaillent avec l’ongle.
Et j'eus l'impression qu'au moment où il me disait ces paroles, il regrettait réellement d'avoir sauvé la vie à Dal.
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Jacqueline et Robert dormaient... J'entendais leurs deux respirations et j'étais envahi d'une jalousie sans raison. S'ils étaient époux et femme, c'est ainsi qu'ils mêleraient leurs souffles dans la chambre nuptiale!
Le feu baissait. Je mis une bûche sur le brasier et la flamme jaillit, haute et pure. Un coup d’oeil sur le blessé, que c'était mon tour de veiller. Il avait gémi un peu, au début de la nuit, puis, il s'était tu et je le croyais endormi. En me penchant sur lui, je vis qu'il avait les yeux grands ouverts.
—Vous souffrez, cher vieux garçon?
Je lui posai la question à voix basse. C’est à voix basse également qu'il me répondit.
—Pour des imbéciles!.,.. Et vous,
Louis, encore plus que les autres.
—Voyons, Dal! mon vieux! Il faut tächer de dormir, vous avez la fièvre...
—La fièvre qu’il dit!... Pourquoi pas que je suis moi-même un idiot!..., Les idiots, ce sont les gens qui ramassent un type comme moi... Eux, encore, c'est des gens des villes... Ça ne sait pas... Ça a le coeur tendre... Mais, vous, Louis... Où est-il le Louis qui voulait me descendre à coups de carabine?... Pas même fichu de me laisser crever tranquillement dans ma crevasse... Faut que ces typesRALL, sauvent, quand tout s’arrageait si
—Dois-je croire, Dal, que vous regrettez qu’on vous ait tiré de là?
Il réprima un rire.
—Certainement, je le regrette... Le hasard avait bien fait les choses. J'aurais pu rester là, jusqu’à ce que torrent glaciaire vomisse mon cadavre congelé, et personne ne se serait inquiété du vieux
Dal... Cela vous aurait donné le te de filer loin! Soi
A supposer, Dal, que nous eussions considéré froidement que vous étiez mort, Fe qu’il fallait tenir le fait, pour accomp .
"ELLE ETAIT EN SON VIVANT
Dal eut un sourire de coin.
——Avouez, Louis, que je ne valais guère mieux qu’un mort quand vous m'avez ramassé.
—Vous n'êtes pas très mal au point, Dal! une entorse et quelques contusions.
—Juste assez pour que ma chute eût fait de moi un mort, si seulement vous aviez tardé encore deux ou trois jours... Mettons-en cinq, parce que je suis un type dur-à-cuire, et à geler...
—Enfin, si je comprends bien, vous nous reprochez de vous avoir tiré de là.
—Je ne vous le reproche pas. Je dis que c'est stupide de votre part et humiliant pour moi... Voilà deux belles occasions perdues,:. Quand le pont de neige a cédé, je ne vous dirai pas que je n'ai pas eu un moment d'angoisse, Louis... La vie est une belle chose... Mais, sur la neige du fond, tout en m’engourdissant peu à peu, je réfléchissais que ma mort arrangerait bien des choses... Je commence un peu à connaître mes prisonniers et ce ne sont pas de mauvais types, vous savez... Il y a des moments où l’on trouve que la loi est drôlement faite... C'est plutôt gênant pour moi d'arrêter des gens qui m'ont donné à manger cinq minutes après que je leur ai annoncé qu'ils étaient mes prisonniers... Alors, maintenant que je leur dois la vie, de quoi ai-je l'air?
—Vous pourriez, suggérais-je, rendre à Shaw sa parole et le laisser filer...
—Jamais! dit Dal. Rappelez-vous que j'ai une mission.
—Oui, mais vous la jugez stupide. Ce ne serait pas un gros mensonge à dire à Blackwell: ‘‘Monsieur! je les avais arrêtés, mais j'ai fait une mauvaise chute et ils m'ont échappé!...’
—Ca,. dit Dal, je ne peux pas... Vous comprenez, Louis, je pense que la loi est stupide aujourd’hui... Mais si je me mets à relâcher des types parce que je trouve la loi stupide, c’est aussi bien de balancer mon uniforme. Ne trouvez-vous pas?
—Je ne trouve pas...
—Je pensais bien, dit Dal, avec un rien de hauteur dans la voix, qu’un damné civil n'est pas capable de savoir ce que c’est que l'honneur,
Je ris discrètement.
—Mais vous avez demandé à Shew ga parole d'honneur.
Dal dit:
— Ca, c'est encore un pr Américain “gentleman”. Probleme ee cCoupera Court à la vieille anec
—Quel anecdote?
—Celle de l'Américain e : qui se rencontrent en Noos BR hôtel. Ils y sont seuls. I] pleut. Pas d'’excursion possible. Ils s’ennuient. Ils conviennent pour passer le temps de faire un concours de mensonges, Et l'Américain commence : “Il y avait une fois un gentle man américain...” — Arrêtez! crie l'Anglais, et ramassez les enjeux, Un “ entl man américain”’t Je ne pourrais Eee Fe venter un mensonge de ce Calibre-là! de
Il rit et dit: ,
—QOui! mais je crois, Savez-vous? que
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