Le Courrier du Cinéma (fév 1953)

Le film de ‘53 La Minute de Vérité de Jean Delannoy Jean Delannoy est, en France l'un des cinéastes les plus attachés -aux problèmes psychologiques. Les personnages qu'il aime nous présenter sont des êtres en état de crise. Crise religieuse, hier, dans "Dieu a besoin des Hommes'', et demain, dans "Luther". — En l'occurence, dit-il aujourd'hui, il s'agit d'une crise conjugale. “La Minute de Vérité'" est le problème du couple après dix ans de mariage. Les deux personnages ont vécu dix ans ensemble et se rendent compte brusquement, par une circonstance fortuite, que leur vie a été pendant tout ce temps, un mystère * qu'ils n'ont pas approfondi. "La thèse du film, c'est que l'on peut vivre ensemble sans se connaître réellement, et qu'il suffit parfois d'un fait imprévu — c'est là “la minute de vérité" — pour révéler brusquement à l'un et à l'autre l'espèce de mensonge, “ou plutôt d'obseurité à travers quoi, ils ont vécu. “Nous avons voulu une histoire banale en soi, simple à dessein, mais dont l'intérêt dramatique réside dans cette révélation qui s'exprime par une explication entre les person NUETIE OFFRE LES PLUS BEL ASSORTIMENT DE VALISES POUR LES VOYAGES nages. En une nuit, deux êtres qui se croyaient heureux, faits l'un pour l'autre, s'aperçoivent qu'en fait, ils se sont ignorés. "La Minute de Vérité" constitue pourtant une apologie du mariage, à la faveur de cette explication, de cette enquête menée par l'un et l'autre sur soi-même et sur l'autre. "Le film comporte donc des évocations relatives à ce que s'expliquent les personnages, à ce qu'ils n'ont pas su à l'époque. Toute l'intrigue est bâtie uniquement sur ce thème. Les “retours en arrière." ne sont que le prolongement dans le temps de l'explication actuelle. Ce temps est d'ailleurs très nettement situé, c'est celui des années 1944-1945, les derniers bombardements, la fin de la guerre. Et l'action se déroule presque entièrement à Paris. — Elle, est une comédienne de théâtre: lui, un grand docteur. L'opposition de leur métier a peut-être contribué à empêcher ce rapprochement qui leur aurait permis un bonheur plus complet. “Il ne suffit pas d'aimer, il faut aussi savoir aimer'', telle pourrait être la conclusion du film. “Cette intrigue psychologique se développe un peu comme celle d'un film d'aventure, au terme de laquelle les héros, libérés de leur solitude à deux, pourront espérer retrouver le bonheur. “Les rôles ont été écrits pour ceux qui les interprètent, Michèle Morgan et Jean Gabin, au moment où ils sont de leur carrière. "J'attache une grande importance au mimétisme qui doit relier l'acteur au personnage. Le rôle de Daniel Gélin, celui d'un jeune peintre, s'inspire aussi de l'acteur. Ce seront ses toiles mêmes {car Gélin est peintre) qui, dans le film, figureront ses oeuvres. Simone Paris, est comme dans la vie, une jeune comédienne, amie de Michèle Morgan. Nous bâtissons ainsi notre fiction sur des bases véridiques. "Il y aura quelques extérieurs dans Paris et plusieurs scènes à Assy, en Savoie, dans l'église moderne décorée d'oeuvres de Rouault, Matisse, Lurçat, Bonnard et Bazaine. C'est là que Michèle Morgan retrouvera par le style d'un vitrail, l'oeuvre et le peintre qu'elle a connus." Tels sont les premiers détails que le réalisateur de ‘la Symphonie Pastorale", de "Dieu a besoin des Hommes" et du “Garçon sauvage", nous a donnés sur son nouveau film. Cette fois, encore, il touche à un problème humain. Dans les bras de Daniel Gélin Michèle Morgan trompait Jean Gabin. 10 =