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MontREAL, JANVIER 1926
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En marge de la scène L'ORCHESTRE
Au pied de la scène est une tranchée qui se garnit tous les
soirs aux environs de huit heures. Les occupants y surgissent brusquement, venus on ne sait d’où. En regardant bien, on peut voir qu'ils arrivent par un étroit boyau de communication qu'une petite porte referme immédiatement. . “On pouvait déjà remarquer, à l'extrémité de gauche, une énorme contrebasse tout debout, puis un piano près de la console de l’organiste; à l'extrémité de droite, de gros tambours demi-sphériques : il y en a deux sur leurs trépieds, on dirait des moitiés de noix ide coco géantes, pourvues de trois pattes et tendues de parchemin en guise de couvercle. Un peu partout, des sièges et des pupîtres à musique qu’une lampe encapuchonnée éclaire subitement.
Silencieusement comme des ombres, les nouveaux arrivés se placent; ils penchent la tête les uns vers les autres avec des airs de conspirateurs et posent sur les pupîtres des feuilles blanches couvertes de signes cabalistiques.
Pendant ce temps, un monsieur s'installa à égale distance des deux extrémités sur un piédestal, ce qui permet à la salle de contempler un paletot noir surmonté d’une boule aux reflets ivoirins. C’est la tête du monsieur. Jadis elle était ornée d’une végétation pileuse surabondante mais le crâne de savant devient de plus en plus à la mode. C'est plus chic et puis, c'est généralement la nature qui le veut ainsi et se charge elle-même du polissage.
Discrètement, la pianiste donne le la sur son clavier; les violonistes pincent leurs cordes, tendent, détendent, repincent et paraissent satisfaits; la grosse contrebasse étouffe un grognement; le préposé aux noix de coco serre et desserre, tapote; les autres, dans le calme relatif qui précède la tempête, occupent cet instant de répit à leur guise. Il y en a un qui s’éponge le front avant de commencer, un autre qui se passe rapidement la langue sur les lèvres comme un chat, c’est pour mieux souffler tout-à-l'heure dans le cornet dont il manoeuvre les clés avec les doigts de la main droite; un autre encore qui ajuste soigneusement ses lunettes sur le bout de son nez, sans doute pour regarder par dessus les verres afin de ne pas les user.
Attention Le Chef vient de lever le bras que prolonge une mince baguette noire. Un gesté sec et tout se déclanche; la tranchée entre en action d’un bout à l’autre. [Les archets montent et descendent avec ensemble comme des soldats bien au pas; la contrebasse mugit par intervalles, un monsieur myope suce une clarinette, un autre joue à l’avaleur de sabres avec son instrument, il semble se l’enfoncer dans le gosier puis le sortir en l’étirant comme une mâchée de gomme, c’est le trombonne à coulisse ; l’homme aux tambours tape sur ses noix de coco accordées en tierce et tintinnabule du triangle; chacun s’agite, souffle, les yeux obstinément rivés sur les porte-musiques, mais le plus admirable de tous c’est le Chef. Re
Il est superbement magnifique. A droite à gauche, ses bras montent, descendent, planent, plongent, voltigent; il insinue de l'âme tendre à celui-ci par tous petits gestes délicats et courts comme avec une seringue puis se retourne tout d’une pièce vers les cuivres et leur jette à pleine brassée de la violence et du crépitement. Et vli et vlan. La contrebasse beugle äun bout,
. les noix de coco deviennent enragées à l’autre, puis la tempête
se calme, s'éloigne. elle revient, se partage, se lamente et se révolte, docile aux ordres du magicien en habit noir qui semble conduire à son gré les éléments déchaînés. Ep tee
Un geste encore; décisif, absolu. Les deux bras levés du magicien s’abaissent avec autorité, plaquant sans réplique le silence sur toute la troupe. Po
Des applaudissements éclatent dans la salle et l'on aperçoit alors l'autre façade du monsieur qui se retourne pour saluer gentiment le public.
La tranchée des musiciens est un endroit mystérieux qui m'a laissé longtemps rêveur mais j'ai fini par comprendre cette chose toute simple: on les place là parce qu’on n'y pourrait pas mettre du public payant; les billets de faveur eux-mêmes n'en voudraient point car on n’y voit rien de ce qui se passe sut l'écran. |
Il y a pourtant des compensations: les musiciens sont aux premières loges pour admirer tout à leur aise les jambes des danseuses quand le rideau se lève pour le vaudeville.
Et, par dessus le marché, ils sont payés pour ça...
FERNAND DE VERNEUIL
Dans le prochain numéro: LE VAUDEVILLE
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LE FILM
VoL. 5, No 6 — JANVIER 1926
Publié mensusllement par POIRIER, BESSETTE & CIE, Edit.-Pros. 131, rue Cadieux, Montréal, Qué.
Directeur de la Rédaction: F. de Verneuil
Entered as second class matter at the Post Office of St. Albens, Vi.
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