Le Film (mai 1941)

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Mai 1941 chez le juge. Il eut la chance de le trouver chez lui et, de surcroît, d'une humeur charmante. — Ah! ah! voici notre jeune journaliste, fit-il en l'apercevant. Hé bien, quoi de neuf, cher ami? — C'est à vous qu'il faut demander cela, mon cher juge, et je suis certain que vous avez des choses sensationnelles à me raconter! — Oh! nous autres, vous savez, fit avec une fausse modestie le magistrarï, nous finissons par ne nous étonner de rien, car nous nous doutons toujours un peu de tout. Et la preuve, je l'ai eue pas plus tard qu'hier soir, à la suite d'une petite enquête que j'ai fait faire à Granville ! —Pas possible | — Si, c'est au sujet de cette agression de Carollles... J'ai fait vérifier l'emploi du temps de la vieille bonne :e jour du vol: irréprochable. Du reste, cette personne, au service des Leclerc depuis près de trente ans, est d'un dévouement à toute épreuve. Bon, reste la nièce. Celle-ci qui n'est que depuis deux ans avec M. Leclerc vit avec ce dernier en assez mauvais termes. Ils ont souvent des discussions assez graves et, la veille du vol, le dimanche, la bonne dans sa déposition, a déclaré qu'en effet, il y avait eu une scène terrible dans laquelle M. Leclerc qui est, je l'avoue, autoritaire et violent, avait reproché à sa nièce de l'avoir à sa charge, et lui avait parlé de sa mère et de son père en termes fort durs. — Mais je ne vois pas en quoi ceci... Le juge interrompit le journaliste d'un geste bref : — Ce n'est pas cela, en effet; mais voici beaucoup plus grave : Francette Leclerc a donné un faux emploi du temps. Pour elle, comme pour Sidonie, j'ai fait vérifier leurs déclarations ; or, celui de la jeune fille est tout à fait inexact ! Tenez : elle m'a dit formellement être partie de Carolles vers une heure un quart et avoir déposé sa bicyclette vers deux heures au Garage Moderne. Or, l'employé qui était là quand elle a laissé sa machine se souvient très bien, à cause d'un incident survenu auparavant, que la jeune fille est seulement arrivée au garage après quatre heures et demie ; il se souvient qu'elle était rouge, essoufflée, et semblait mal remise d'une grande émotion. Elle, si aimable d'habitude, semblait très absorbée, ell2 est repartie précipitamment et nest revenu que vers sept heures et demie, le visage bouleversé. Elle est aussitôt repartie à toute allure. Qu'a fait Mlle Leclerc entre une heure un quart, heure à laquelle elle prétend avoir quitté la villa, et quatre heures et demie ? « Deuxième point: Qu'a-t-elle fait entre quatre heures et demie et sept heures et demie ? Flle dit s'être assise sur la plage, alibi difficile à vérifier; être allée chez les demoiselles Riquier, mar chandes de laines, rue Lecampion. Or, ces demoiselles, par suite d'un deuil, ont fermé leur magasin lundi toute la journée. Quant à son passage au rayon de soieries, aux Dames de France, les vendeuses qui la connaissent ont certifié ne pas l'avoir vue depuis plus de quinze jours... Dans nos petits magasins de province, le passage d'une cliente connue à un rayon se remarque facilement. Donc, l'emploi de l'après-midi de lundi fourni par Mile Leclerc est faux. Que pensez-vous de cela, mon petit Marc ? Le « petit Marc » était effondré. Il ne comprenait absolument rien à ce mystère, ni pourquoi Francette avait menti. Les auestions les plus saugrenues s'échafaudaient dans son esprit, sans qu'il puisse trouver la moindre solution... Enfin, il répondit : — Invraisemblable ... c'est ahurissant... je ne comprends pas! et vous, cher monsieur, quelle est votre opinion ? Le juge prit un temps, assujettit ses lunettes, puis, regardant Marc Surot bien en face, heureux de l'effet produit, il prononça : — Mon jeune ami, mes prévisions n'ont fait que se confirmer ... Cette jeune personne est la voleuse de M. Leclerc, tout extraordinaire que cela vous paraisse | — C'est impossible, monsieur Rogelet! Vous n'y pensez pas! M. Leclerc a été victime d'une agression | Le juge haussa les épaules : —' Pas du tout !... M. Leclerc qui était extrêmement violent et sanguin, par suite d'une grande colère, a eu une attaque de congestion. En tombant, maladresse ou vertige, ou peut-être même repoussé un peu brusquement par son interlocuteur, il a heurté le rebord de son bureau, ce qui a causé la blessure frontale. Les tiroirs du bureau ainsi que le coffre-fort étant ouverts, ça n'a été qu'un jeu d'enfant de prendre titres et argent pour les mettre en lieu sûr, pendant l'évanouissement du vieil homme. — Mais c'est abominable ! Francette Leclerc est incapable d'une pareille action. De plus, son oncle pouvait la faire mettre en prison... Ft où aurait-elle caché cet argent ? — Tout est prévu! Primo, Francette avait un complice, chose qui a été vue dans maints cas de ce genre : génie malfaisant qu'elle ne nommera certainement jamais ... Alors nous sommes en présence de deux hypothèses : Francette a agi seule et a porté l'argent au complice qui l'’attendait à Granville ... ou ce dernier, sachant Sidonie à Avranches, est venu à la villa et est reparti ensuite à Granville avec la jeune fille... — Mais comment expliquez-vous qu'elle soit revenue ? — Une minute ... Francette, prise de remords, a pu revenir voir son oncle. En tout cas, retenez bien ceci : elle était sûre de son impunité, car elle savait bien, 35 g=— Comment soulager — LES MALAISES ORGANIQUES Rares sont aujourd’hui les femmes qui ne souffrent pas de quelque malaise organique. Peutêtre VOUS-MEME devenez-vous parfois fatiguée, irritable, nerveuse ? Essayez alors le Composé à — Végétal Lydia E. 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