Le Film (sep 1946)

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18: — Je ne vous le cache pas. Une femme est toujours en butte à ce genre d’assaut. Il ne fut pas très pressant, pour une fois, notons-le, et s’est contenté en me quittant, de me baiser galamment la main. — Ce qu'il lui a permis à ce moment, de voir vos bagues. — Sans aucun doute. Je me souviens d’ailleurs, qu’il a prolongé cet hommage au delà des limites normales. — Vous le reconnaîtriez ? — Je pense. — Comment ! vous pensez. — Je veux dire par là, que je l'espère. — Bon. Vous allez, je vous prie, remonter maintenant aux salons, et vous tâcherez d'y découvrir votre danseur. Donnez-moi avant le signalement de vos bagues. — Oh! tout ce qu’il y a de plus simple. Une émeraude, un diamant entouré de roses. Un solitaire. * L’inspecteur nota dans son esprit ces indications, et dit : — Je vous rends votre liberté, madame. Ne manquez pas de m’avertir dès que vous aurez du nouveau. — Puissiez-vous, inspecteur, retrouver mes bijoux! M. Bouveret ne veut pas que je porte plainte. L'assurance ne payera pas. Alors! :— Hé! madame, je le pense bien, car notre voleur m'a tout l’air d’un novice, et l’inspecteur, s’en fut de son côté. Le lendemain à 13 heures, après un lunch servi dans le grand salon, Le Bouveret, .joyeusement pavoisé, quittait le quai du Jardin Public, pour sa croisière autour du lac merveilleux. La sortie du port laisse un souvenir charmant de la ville d'Annecy, avec son cadre de promenades, les clochers de ses églises, les tours imposantes de son château fort, ancienne résidence des Ducs de Savoie. En face la riante colline d’Annecy-le-Vieux ; les cimes des monts voisins ; la Tournette, la reine du bassin du lac. Tandis que les invités réunis sur le pont, agitent leurs mouchoirs en signe de remerciements aux acclamations de Ja foule massée sur le quai, l'inspecteur Francou, un peu à l'écart, sur un banc, à l'avant du bateau, se plongeait dans ses réflexions, François Cruseilles vint à lui et avançant un fauteuil, s’assit à ses côtés. — Monsieur Bouveret m'a prié de vous demander, inspecteur, si vous aviez quelques indications au sujet de l'affaire qui vous occupe. — Je nage, un peu, cher monsieur, je le confesse, le danseur de Mme Revard, assez suspect, a été introuvable. Par ailleurs, aucun invité sur la liste, au nom de Hector Ramon. Il faudrait donc admettre que ce personnage, à l'affût d’un coup à faire, s'est glissé parmi les invités, et a disparu, son opération terminée. Au bureau des cars, à la gare, où j'avais disposé des camarades de la police loca: le, aucune trace de cet individu, à un départ de la matinée. Remarquez que le fait en lui-même ne prouve rien. Le vol a été commis vers les deux heures du matin. Notre homme a pu se retrouver avec un groupe d'invités, ou même seul, car personne n'était encore alerté. Il a fort bien pu passer inaperçu, et à la faveur de la nuit, gagner à pied une localité des environs, où il aura pris un moyen de locomotion quelconque. De là, il a mis entre lui et nous, une certaine distance. J’ai fait transmettre le signalement, un peu partout. Il faut donc attendre pour cette piste. ma — Mme Revard, vous a donné, je crois, un signalement précis de cet homme. — Trop précis ! — Que voulez-vous dire, s’amusa Cruseilles. Un renseignement n’est jamais trop précis ! — Je veux dire, trop précis, pour qu'il ne nous permette pas de mettre la main sur lui. En tout cas, vous avez dû voir dans les journaux de ce matin, une note, disant, avec leurs descriptions, que ces bijoux avaient été perdus, et qu’on les rapporte contre récompense au Commissariat Central. Ainsi, tous les bijoutiers sont alertés, et si on les leur présente... — Vous avez tout prévu, je vois. — Le moyen n’est pas infaillible, car les professionnels ont un chic pour démonter les bijoux et les rendre méconnaissables. Bien souvent, perles et diamants, au lendemain du jour, où ils ont été volés, sont déjà à Londres, ou Amsterdam. — Par ailleurs, j'ai enquêté discrètement, et l'inspecteur baissa la voix, sur la personne dont vous m'avez dit un mot hier au soir. Tout ce que vous m'indiquiez sur ce Maurice Margland est exact. Traite, échéance de ce matin, domiciliée Banque Macheron. Difficultés financières. Emprunt refusé. A l’ouverture, les fonds n'étaient pas versés. — Ils l'ont été à 10 heures, et la traite honorée. — Ah! —J’ai su depuis, par l’un de ses amis, M. Pierre Lhormond, vous pourrez vérifier le fait, que dans la nuit après la fête, notre homme s'était rendu en auto à Aix-les-Bains. L’inspecteur Francou, en présence de l’insistance avec laquelle François Cruseilles semblait vouloir charger Margland, le regarda et dit: — Vos insinuations paraîtraient indiquer que vous êtes sûr d’une chose que vous hésitez à m’apprendre vous-même. Le fondé de pouvoir rougit légèrement, mais ne se démonta pas. — Cette affaire, déclara-t-il, contrarie . vivement M. Bouveret, et j'avoue fran chement que je serais désireux que ce fût lui qui ait fait le coup. Un moment de désarroi peut amener un homme droit à un acte répréhensible, pour éviter le pire. S’il en était ainsi on s’arrangerait entre soi, il n’y aurait pas de suite. M. Bouveret règlerait. La volée rentrerait dans ses bagues, simplement, sans doute données en garantie. Ce serait pour tous un soulagement. — Si M. Bouveret est disposé à s’exécuter, qu’il le fasse tout de suite, cette jeune femme, au fond, ne demande que ça ! — C'est, de ma part, une supposition, déclara Cruseilles qui jugeait être aller un peu loin. — Vous pourriez le lui suggérer, souffla le policier. Moi, que l’on me donne l’ordre. J’arrête les frais. — Je vais le lui en causer. Le bateau arrivait à Sevrier. Le Film, Montréal, septembre 1946 — Toi, mon vieux, se dit le policier, en voyant s'éloigner François Cruseilles, tu dois avoir un compte personnel à régler avec ce Maurice Margland, maïs aussitôt il pensa: ïil faut reconnaître cependant qu'il y a quelque chose de troublant dans l'attitude de ce garçon. Depuis quelques jours, il court sans succès pour trouver des fonds nécessaires à une échéance : des bagues, représentant une jolie somme, disparaissent cette nuit; avant l’aube, il se transporte en auto à Aix et ce matin, il règle, avec un peu de retard, une traite dont il n'avait pas un sou à huit heures du matin. Son cas demande un examen. Un long sifflement du bateau fendit l'air. Il accostait au quai de la première escale de la croisière. — Allons, se dit Francou, ne faisons pas trop bande à part. On le remarquerait. Je m’accorde un quart d'heure de répit. C’est un drôle de métier que le nôtre. J'ai l'impression que cette affaire va nous réserver une surprise de taille, et il s’en alla se mêler au flot des invités. Sevrier, charmante localité où se dresse une jolie église gothique, s'étend sur le flanc de la montagne du Semnoz. Les invités s’éparpillèrent, au gré de leur fantaisie, dans les bois de sapins et de châtaigniers proches, pour la cueillette des cyclamens. D’autres en profitèrent pour visiter un ancien prieuré. L'heure du thé les ramena à bord du bateau, qui leva l'ancre en direction de Duingt. L’inspecteur Francou aurait bien voulu avoir un entretien avec Maurice Margland ; depuis le départ, il n’avait pas quitté Germaine Bouveret, absorbé dans une conversation qui paraissait si intime que le policier ne jugea pas opportun de l’interrompre. Son visage, si soucieux la veille, était devenu souriant. On sentait le jeune homme délivré d’un grand souci, et c'était bien le cas. Profitant d’un instant où Germaine laissa son fiancé, Francou s’approcha de lui. — Accepteriez-vous, Margland, lui ditil, que nous allions fumer un cigare ensemble. — Bien volontiers, monsieur. Je ne demande pas mieux d’ailleurs. Ce langage qui eût satisfait tout autre que Francou parce qu’il semblait être celui d’un homme qui ne craignait pas une explication, ne fut pas interprété favorablement par le policier qui, expérience du métier, y vit beaucoup plus une manœuvre pour le bien disposer. Les deux hommes se réfugièrent dans un boudoir, désert à ce moment. — Monsieur, dit aussitôt Francou, je m'excuse ... — En quoi puis-je vous être utile, coupa Margland. — Vous êtes au courant de... l'incident de cette nuit. — Mlle Bouveret m’en a touché un mot, mais comme nous avons d’autres questions plus importantes à discuter... Bref, que voulez-vous de moi ? — Un renseignement. Vous aviez, m’at-on dit, une traite... — Oui, elle a été réglée, et après ! je ne vois pas, inspecteur, ce qu’une affaire