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PRIX D'EUROPE 1946
Interview avec Jeanne Landry # Par J.-A.-P. Hurtubise
ÉJÀ 7 h. 30! Il faut que je me dépêche. N’ai-je pas rendez-vous à cette heure même chez Jeanne Landry. Le Prix d'Europe 1946 pourra me tancer ou à tout le moins garder sa porte fermée si j'arrive en retard. Il n’en est rien, cependant. Enfin, me voilà rendu, je regarde ma montre: 7 h. 43 exactement. Je pèse sur le bouton électrique et la porte s’ouvre comme par enchantement. Trois gentilles dames viennent à notre rencontre, car je suis accompagné de mon fils Michel, jeune pianiste en herbe. Jeanne Landry prend l'initiative. C’est elle qui fait les présentations: madame sa mère d'abord, puis ensuite Madame Laframboise, sa tante, sœur de sa mère.
Dès notre entrée, on se trouve dans une ambiance musicale. On est en train d’exécuter une symphonie qu’il m'est impossible d'identifier. Je ne suis pas sûr même si c’est la radio ou un disque. Peu importe, puisque la première chose que le Prix d'Europe fait, en nous priant de prendre un siège, est de fermer l’appareil.
— Mlle Landry, vous devez aimer follement la musique pour faire jouer ainsi cet appareil. J'aurais pensé qu'avec tout:s vos études, vous auriez préféré autre chose, la lecture par exemple ?
— Si, j'aime beaucoup la lecture, mais voyez-vous, j'écoutais de la symphonie pour me familiariser davantage avec ce genre de musique.
Le Film, Montréal, septembre 1946
JEANNE LANDRY, pianiste de concert et Prix d'Europe 1946. Dans son interview avec notre collaborateur, J.-A.-P. Hurtubise, Mile Landry nous fait part de ses projets immédiats avant de se rendre en Europe.
La Photographie La Rose.
— Vous aspirez sans doute à interpréter des pièces concertantes ?
— Franchement, monsieur, rêve.
— Si je ne me trompe, vous avez eu à l'heure qu’il est cette expérience ?
— Oui, l’année dernière, après avoir gagné le prix Archambault, j'ai joué un Concerto de Brahm, accompagnée par les “Concerts Symphoniques de Montréal” sous la direction de Désiré Defauw.
— Voilà ce qui est bien. Comme ça, le Prix d'Europe n’est pas le premier prix que vous remportiez ?
— Non, puisque en dehors du prix Archambault, je gagnais aussi en 1945 la bourse de l'association des professeurs de musique de Québec.
— Toutes mes félicitations, mademoiselle. Donc, c’est au concert que vous désirez vous consacrer ?
— Oui, pianiste de concert.
— Je vous soouhaite tout le succès possible. Vous partez pour l’Europe bientôt ?
— Pas avant la fin d'octobre.
— Avez-vous fait le choix de vos pro-. fesseurs ou pris une décision relativement au conservatoire où vous allez étudier ?
— Pas encore, car les conditions de la
vie sont si anormales là-bas qu’il me serait difficile de dire exactement en ce moment dans quel pays j'irai étudier. Cependant, je puis vous affirmer que je n'irai pas aux Etats-Unis. —Le Prix d'Europe vous a valu des engagements, n'est-ce pas? J’ai lieu de croire que d'ici votre départ vous serez fort occupée.
— J'ai, depuis ce temps-là, joué à Toronto et à Montréal. Je dois jouer en vedette à la première émission des Carabins cet automne, je dois donner un concert au Plateau, à Montréal, concert organisé par les Amis de l'Art. Je jouerai également en public à l'Ecole Supérieure de musique d’Outremont ainsi que pour la Société des conférences de l’Université à Ottawa.
— J'aime à croire que la symphonie d'Ottawa vous invitera à titre de soliste, avant votre départ, à l’un de ses concerts.
— Je serais heureuse de lui apporter mon concours.
— Quelle musique préférez-vous ? La classique, la romantique ou la moderne ?
— Oh! je n'ai aucune préférence. Toute musique bien composée, qu’elle appartienne à l’époque classique, romantique ou moderne, est belle en soi-même. Ce qui importe est de bien comprendre telle ou telle musique afin de bien l’interpréter.
— Vous avez raison. Croyez-vous qu’il y aura une renaissance en musique, que l’on reviendra par exemple à la musique :lassique ou romantique ?
— Je ne le crois pas. La tendance est vers la musique moderne et il est plus que
c'est mon