Le Film (oct 1946)

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Le Film, Montréal, octobre 1946 "LA FERME DU PENDU" UN FILM PAYSAN : Par GEORGES CHARENSOL (Exclusif au "FILM") N ÉCRIVANT La Ferme du Pendu, M. Gilbert Dupé ne pensait certainement pas que son roman serait, un jour, porté au cinéma. Il s’agit, en effet, d’un drame paysan que rien ne dési gnait particulièrement pour faire un bon film. Le roman paysan est un genre difficile où Emile Zola, lui-même avec LA TERRE, n’a réussi qu'à demi. Le film paysan est plus dangereux encore et on ne peut guère citer que NENE, d’Ernest Perochon, comme une œuvre cinématographique acceptable. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le cinéma s’accommode mal du plein air. La prise de vues en extérieurs présente des difficultés que le public ne soupçonne guère. Celui-ci se dit volontiers: pourquoi dépenser tant d’arsent pour éclairer des studios, bâtir des décors, quand il n’y a qu’à photographier la nature ? Le malheur, c’est que la nature se laisse malaisément photographier ; il y a la pluie, le froid, le soleil qui donne trop ou pas assez, la difficulté de trouver des décors correspondant exactement à l’action... Et puis, le cinéma est un art, il ne saurait copier servilement la réalité ; d’où la nécessité de transposer, de recréer la nature pour la rendre “plus vraie”. Tout cela peut sembler paradoxal pour le profane, mais les techniciens savent bien qu'il n’en est rien ; ils n’oublient pas l'échec d’Antoine, quand le créateur du Théâtre-Libre voulut porter à l'écran les théories qu’il avait imposées naguère à la scène et tourna en Provence son Arlésienne. Certes, il n’est presque aucun film qui ne comporte un certain nombre de scènes en extérieur, mais celles-ci sont rarement les plus importantes, et on cite des bandes dont tous les décors furent réalisés au studio et qui, par cela même, acquièrent une unité que ne possèdent pas des films où le raccord entre les deux techniques ne se fait pas toujours heureusement. Cette dualité saute aux yeux les moins avertis dans La Ferme du Pendu dont l’auteur, Jean Dréville, a multiplié les paysages et a situé en plein air les scènes principales. Toutefois, il n’a pu. éliminer complètement les intérieurs et, si adroit que soit le décorateur Max Douy, on sent tout de suite que la grande salle de la ferme où se déroule une partie de l’action, est un décor factice. On aurait souhaité que le metteur en scène poussât jusqu’au bout le parti-pris et qu’il tournât son film dans un véritable intérieur paysan. Pour ne l'avoir pas fait, La Ferme du Pendu perd une partie de l’authenticité que lui confère une présentation extrêmement vivante de certains morceaux que nous n'avons encore jamais vu traiter au cinéma avec cette vigueur. Je citerai tout particulièrement l'enterrement du début où les personnages principaux sont tout de suite solidement campés ; le repas de noce, et surtout les battages menés dans un mouvement excellent et composés comme une toile de maître. # Ce sens de la composition, une utilisation très. habile de la lumière naturelle donnent à ce film un grand caractère et en font beaucoup mieux qu’une de ces œuvres de série que Jean Dréville nous a offertes souvent jusqu'ici. Il faut mettre pourtant à l'actif de ce jeune cinéaste une réussite que La Ferme du Pendu ne dépasse pas, je veux parler de cette Cage aux Rossignols où paraissent, pour notre joie, Noël-Noël et les . Petits à la Croix de Bois. Mais peut-être serait-il temps que je vous parle du scénario de La Ferme du Pendu. Les romans paysans adaptés à la radio remportent chez nous d'éclatant succès. naît en France une vogue non moins grande. Pendu'" dont nous entretient ici George Charensol, constitue un type intéressant du genre. Nous voyons ici une scène de ce film tourné sur le vif autant que faire se peut. Photos S.I.F., Ottawa. La même expérience, mais au cinéma, con"La Ferme du Un gros fermier vient de mourir ; il laisse ses terres à ses quatre enfants. L’aîné est de son digne successeur, âpre, autoritaire et attaché à sa terfe au point de tout lui sacrifier. Son cadet se soumet volontiers à sa loi car seules les filles l’intéressent. Le plus jeune manque de caractère et subit aveuglément l'influence de cet aîné qu’il admire. Sa sœur pourtant osera lui tenir tête quand il s’avisera de vouloir l'empêcher de se marier à sa guise. Car, dans cet esprit borné, est née cette idée singulière qu'aucun des enfants [ Lire la suite page 37]