Le Film (oct 1946)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

Le Film, Montréal, octobre 1946 ’ESPOIR‘’ D'ANDRE MALRAUX [ Suite de la page 10] qui composent ce film, il faut bien qu'il sache que ce n’est pas la faute de l’auteur: au mois de janvier 1939, alors que son œuvre était encore inachevée, André Malraux apprit que les armées de Franco approchaient de Barcelone où il travaillait depuis six mois. Celui qui avait combattu dans les rangs républicains, qui avait contribué à organiser l'aviation “rouge” ne pouvait courir le risque de tomber aux mains de ceux qu'il avait combattus. Il prit le chemin de la France avec la pellicule qu’il avait impressionnée et il procéda à Paris au montage. Mais des scènes capitales faisaient défaut. Il dut se résigner à laisser des trous, impossibles à combler, dans une œuvre qui aurait dû être composée avec la plus stricte rigueur. Telle qu’elle est, elle nous est apparue d’une beauté bouleversante. Elle est si proche de nous que nous avons peine à croire que cinq ans se sont écoulés entre le moment où elle fut. réalisée et.celui où elle nous est montrée. Mieux encore, les terribles années que nous venons de vivre lui confère toute sa signification. Cette grandiose expérience du combat pour la liberté, que Malraux avait vécue vers 1936, nous ne l’aurions pas connue si le film était sorti avant la guerre. Aujourd’hui, nous comprenons ce qu’il veut dire d'autant mieux que ce drame de l'Espagne est devenu le nôtre. Essayons donc de nous replacer dans les conditions où il fut réalisé. Denis Marion, qui fut l’assistant de Malraux à Barcelone, nous y aidera: “En juin 1938, nous a-t-il raconté, la réalisation commença dans un des trois studios que comptait la ville. L'équipement était relativement moderne, mais, depuis deux ans que durait la guerre civile, les locaux avaient été occupés par les troupes ou par la police, des appareils étaient devenus inutilisables. Il fallut faire venir de France des lampes, des produits de maquillage, de la pellicule. Le négatif impressionné était renvoyé dans un laboratoire parisien pour être développé. De ce fait, l'opérateur, Louis Page, travailla à l’aveuglette, un mois se passa avant qu'il pût voir les fragments tournés. L'installation sonore, très défectueuse, tombait en panne à tout bout de champ. Par la suite il fallut réenregistrer tout le son. Les difficultés techniques furent celles qu'on peut imaginer dans un pays en guerre. Chaque fois qu’il y avait alerte, et il y avait alerte tous les jours, le cou rant électrique était coupé. De nombreux extérieurs furent tournés sur les champs d'aviation, entre deux bombardements. Pendant toute une nuit, on travailla au sommet de la colline de Monjuich, les projecteurs illuminant le ciel dans cette ville soumise au plus rigoureux blackout: par une chance extraordinaire, ce fut une des rares nuits où les avions italiens ne vinrent pas des Baléares. Pour la première fois à l'écran, des scènes furent tournées à l’intérieur d’un bombardier. Louis Page déploya des trésors d’ingéniosité pour installer son appareil dans une carlingue où rien n’était prévu à cet effet. Les vues du départ de l’avion, de l’avion en vol et les vues aériennes furent prises à bord du seul Potez qui restait à l’armée républicaine. Bien que le film n'ait pu être terminé, Malraux ne se découragea pas et, après avoir six fois recommencé le montage, il acheva la version définitive. En août 1939, le film .devait sortir en exclusivité, quand la guerre éclata: ïil fut interdit par la censure. Pendant l'occupation, le négatif et une copie purent être soustraits aux Allemands et cachés. Pour son premier contact avec l'écran, André Malraux s'était improvisé scénariste, dialoguiste, metteur en scène. Ce film porte le titre du livre que l’auteur de LA CONDITION HUMAINE publia en 1937. Il reprend quelques-uns des épisodes du roman, mais ne se superpose pas à lui. Cette différence entre son œuvre littéraire et son œuvre cinégraphique Malraux avait songé à la marquer en donnant au film un titre tout autre ; il devait s'appeler SIERRA DE TERUEL du nom de la montagne où l’action est entièrement située. Il est curieux de rapprocher les quelques morceaux qui sont identiques dans le film et dans le livre ; on constate alors quelle compréhension profonde Malraux a eue d'emblée du cinéma. Il est à peine croyable, devant une telle maîtrise, qu’on se trouve devant une œuvre de début. On se dit qu’enrichi d’une telle expérience, l’auteur serait un des grands metteurs en scène du monde, si ses activités multiples ne l’éloignaient du cinéma. Et si rien de ce que fait Malraux n'est indifférent, c'est que cet artiste s'engage à fond dans toutes ses entreprises; il n’est que de relire LES CONQUERANTS, LA VOIE ROYALE ou ESPOIR pour découvrir que l’art et la vie sont en lui inséparables. UN FILM PAYSAN [ Suite de la page 11] ne doit se marier afin que le bien de famille reste indivisé. Si un homme ou une femme, étranger à la tribu, survenait, peu-être réclamerait-il un partage qui diviserait ce que maintes générations de paysans ont eu tant de mal à unir, Respectant ce pacte tacite, la jeune fille fuira à la ville sans demander sa part d’héritage. Tout irait pour le mieux si la vie à la ferme ne se révélait impossible pour ces trois hommes qui ignorent tout de l’art de tenir une maison. On engagera donc une servante. Elle ne paie pas de mine, cette petite qui leur arrive un jour, mais elle se révèle rude travailleuse, pleine de ces vertus paysannes que le chef de maison apprécie par-dessus tout. Hélas! le cadet ne peut résister à tant de fraîcheur et de jeunesse ; il séduit la jeune fille. Il en sera rudement puni, car les hommes du village, furieux de le voir toujours à 37 la poursuite de leurs femmes, le corrigent si sévèrement qu’il en restera à tout jamais estropié et que cette disgrâce physique lui troublera la cervelle. Mais la servante a inspiré au plus jeune des fils un sentiment profond; aussi, quand elle devra quitter la ferme, s’en ira-t-il lui aussi. L’aîné reste seul. Il s'aperçoit maintenant que son sacrifice a été inutile et que cette terre, pour laquelle il a interdit à tous de fonder un foyer, ira à des étrangers quand il mourra sans postérité. Tout s’arrangera, d’ailleurs, puisque sa sœur revient et qu'elle a un fils, qui a hérité de son oncle cet atavique amour de la terre. C’est lui qui lui succèdera. e Une remarquable interprétation dissimule ce qu’il peut y avoir d’un peu conventionnel dans un tel sujet. Charles Vanel, que nous connaissons depuis longtemps comme le meilleur comédien de l'écran français, se révèle ici plus sobre et plus puissant encore qu’à l'ordinaire. Sa composition de paysan imposant là loi du pater familias antique, ne manque ni de grandeur ni de finesse. La finesse est ce qui caractérise le jeu d'Alfred Adam, comédien intelligent et dont nous admirions, récemment encore, la création dans Boule de Suif ; il est ici un coq de village astucieux et habile. Les rôles féminins ne sont pas moins bien tenus par des comédiennes encore inconnues mais que nous retrouverons certainement bientôt, Les compositeurs canadiens e Radio-Canada inaugurait en août dernier une nouvelle série de concerts consacrés à la musique canadienne. Parmi les auteurs dont les œuvres ont été choisies, signalons Alexandre Brott, Claude Champagne, John Weinzweig, Dr Healey Willan, J.-J. Gagnier, Georges-Emile Tanguay, Maurice Blackburn, Hector Gratton et plusieurs autres. Ces concerts, au nombre d’environ dixsept, seront diffusés au pays par le réseau Trans-Canada et en Europe par le Service international à ondes courtes. Le programme de la première audition comprendrait trois chansons de Claude Champagne, tirées de la Suite Canadienne. M. Champagne est l'assistant du directeur du Conservatoire de musique de la Province de Québec. Il est actuellement au Brésil où il fut invité à donner des cours et à diriger des concerts. LES VOIX DU PAYS Les Voix du Pays nous sont revenues Radio-Canada poursuit ainsi une œuvre d'encouragement à l'écriture théâtrale. Les pièces présentées sous la rubrique Les Voix du Pays furent soumises au Concours littéraire de Radio-Canada, mais ne furent pas primées. Elles se recommandèrent toutefois à l'attention des autorités de Radio-Canada pour leurs qualités scéniques. En d’autres termes, elles furent jugées dignes de subir les feux de la rampe radiophonique.