Le Film (mars 1947)

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28 Etes-vous déprimée ? Nerveuse ? Sans énergie ? Délaissée ? La vie n'a-t-elle pour vous que des désagréments ? Souffrez-vous de maigreur ? de vertiges ? de migraines ? et votre teint a-t-il perdu sa fraîcheur ? C’est alors que vous avez le sang trop lourd, de ce sang non purifié qui cause de pénibles désordres dans votre organisme. Faites alors votre cure de désintoxication naturelle. Les éléments concentrés qui constituent le merveilleux TRAITEMENT SANO "A" élimineront tous ces poisons. De jour en jour vos chairs se développeront et redeviendront fermes, votre teint s’éclaircira, vous serez plus attrayante avec tout le charme de la jeunesse. Envoyez cinq sous pour échantillon de notre merveilleux produit SANO “A”. Correspondance strictement confidentielle. ut G CN et CNE SRE CE osent Mme CLAIRE LUCE, LES PRODUITS SANO ENRG. Case Postale 2134, (Place d’Armes), r Montréal, P.Q. Ecrivez lisiblement ci-dessous. Quelques instants plus tard, Anatole Pamélan était introduit dans la salle à manger. Il était plus conquérant et plus inquiétant que jamais, avec un superbe gardénia à la boutonnière et des gants beurre-frais. Il portait une grosse gerbe de fleurs, qu'il offrit à Jacqueline, avec quelques paroles de circonstance. La jeune fille, stupéfaite, regarda tour à tour son oncle et sa tante. Celle-ci sourit et inclina la tête, lui signifiant qu’il fallait accepter l’hommage. Mais décidément, l’homme répugnait de plus en plus à Jacqueline. Tout simplement, elle lui tourna le dos... — Jacqueline ! Tante Eugénie s’avança et prit le bouquet. — Excusez-la, mon cher ami, fit-elle, toute sucrée. Elle est un peu surprise ! Anatole Pamélan retroussa sa moustache d’un air vainqueur. — Je comprends... je comprends... Il jeta un regard attendri sur la jeune fille. On prit place autour de la table. Gaston vint à son tour après avoir fermé le magasin. Le repas se déroula dans une atmosphère de gaieté incompréhensible pour l’orpheline. Instinctivement, elle resta sur ses gardes, mangeant du bout des dents, observant tout, sur la défensive. — Qu'est-ce que cela veut dire? pensait-elle, anxieuse. La réponse lui fut donnée au dessert. Lucienne venait de sortir entraînant Monique dans sa chambre. Tante Eugénie se tourna vers sa nièce : — Ma chère enfant... ce que j'ai à te dire est si émouvant que je ne trouve pas les mots capables d'exprimer toute ma pensée... mais tu m’excuseras, n'est-ce pas ?... et tu comprendras quand même... Nous avons le plaisir d’avoir chez nous, ce soir, un grand et cher ami... Elle glissa un sourire à Pamélan auquel il répondit par une inclinaison de tête et un geste de protestation ... — Je dis bien, votre humilité dût-elle en souffrir... mon cher Anatole Pamélan! Notre hôte est un garçon charmant, Jacqueline, plein de qualités, arrivé à l’âge où l’homme s'affirme et réalise sa vie. Il est, aujourd’hui, à la tête d’une situation très importante qui le place parmi nos concitoyens les plus en vue... — Je vous en prie! protesta celui-ci. — J’arrête cette énumération, mon cher, quoique j'eusse aimé vous montrer tel que vous êtes: bon et généreux, intelligent et travailleur... enfin soit, passons... Car j'ai quelque chose à te dire, Jacqueline, qui t'intéresse plus particulièrement. «Notre ami Pamélan, poursuivit tante Eugénie ... après quelques mois d’absence pour ses affaires, est revenu il y a quelque temps à Saintes. Sa première visite fut pour nous. Il ignorait ta présence, Jacqueline ; aussi fut-il... dois-je dire agréablement surpris ? ... Elle quêta du regard l’approbation de l’homme, et poursuivit : — ...de trouver ici une jeune fille accomplie, charmante et digne de lui. Tout de suite il s’intéressa à toi, mon enfant. Au cours des conversations qui suivirent ses premières visites, il nous confia toute l'admiration qu’il éprouvait pour toi. Nous ne le découragions pas, car notre estime pour lui est totale et c’est avec une joie secrète que nous envisagions ton bon Le Film, Montréal, mars 1947 heur futur... Ce que nous avions rêvé... arriva... — Jacqueline, mon enfant, M. Anatole Pamélan nous a fait l’insigne honneur de nous demander ta main. Jacqueline qui, visage tendu, lèvres crispées, pressentait depuis le commencement de ce discours la phrase fatidique, poussa un cri, tandis qu’elle devenaït pâle comme une morte... — Nous comprenons ton émotion, poursuivit la tante... car tu ne t’attendais pas à une joie aussi soudaine !... Nous la partageons de grand cœur... et je t’avoue que, personnellement, nous n’avons pu dire non à une demande qui nous honore et qui doit faire ton bonheur ... — Vous avez accepté? balbutia Jacqueline. — Mais mon enfant... ne sommes-nous pas là pour assurer ton avenir ? ... — Mon -avenir ! Anatole Pamélan crut le moment favorable pour intervenir. Il se leva, puis, sur un ton solennel, la main sur le cœur, il se tourna vers la jeune fille. — Mademoiselle ... laissez-moi vous répéter ce que j’ai déjà demandé à mes chers amis, vos tuteurs affectionnés : mademoiselle Jacqueline, je vous aime... Voulezvous devenir ma femme ? Jacqueline éclata d’un rire nerveux. Anatole rougit, puis, toujours calme, reprit : — Je vous aime, Jacqueline. — Moi, je vous déteste! Ces mots, dans votre bouche, sont un outrage ! Et je vous défends de m'appeler Jacqueline ! Elle se leva à son tour. Ses yeux étincelaient de colère et de fierté. Elle plongea son regard dans celui de sa tante. — Et vous! s’écria-t-elle d’une voix frémissante d’indignation, ce que vous avez fait là est abject! Personne ne se serait permis de faire ce que vous avez fait, de prendre des décisions pareilles en mon nom et à mon insu ! M’avez-vous demandé mon avis, à moi? Ai-je été mise au courant de quelque chose? Non! Bien sûr! Autrement vous sauriez depuis longtemps que j'aimerais mieux mourir que d’épouser cet homme ! — Vous ne m'avez jamais aimé! Je l'ai. senti dès le premier jour! Cependant, jamais je n'aurais pensé que vous oseriez disposer ainsi de ma personne ! Si je vous gênais tant, il y avait d’autres moyens de me voir disparaître! Un seul mot aurait suffi: j'aurais compris, allez! Tandis que vous échafaudez ce plan odieux, vous ne vous occupez pas si cet homme pourra faire mon bonheur ou non, vous avez conclu un marché ! Mais je ne suis pas à vendre ! e Pendant plusieurs minutes Jacqueline demeura debout dans sa chambrette, tremblante d’indignation. L'idée qu’on avait osé lui proposer cet homme en mariage, dont tout le monde connaissait à Saintes la douteuse réputation, et disposer ainsi de son cœur, la jetait dans une indignation et une horreur indescriptibles. . Non! Elle ne pouvait plus vivre avec de tels êtres, qui avaient tout fait, tout imaginé pour la faire souffrir ! L'idée de fuite s'empara d'elle. Oui! C'était la seule solution ... Désormais, elle ne pourrait plus vivre sous ce toit, avec ces gens qui l’avaient toujours haïe et