We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.
Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.
16.
homme très brun, aux cheveux vernis, qui portait avec élégance une chemise de sport aux manches courtes.
Comme s’il avait deviné la présence de la curieuse, il leva brusquement la tête et l’aperçut. Il sourit à la jolie apparition, tandis que Lilette, toute rouge, se retirait précipitamment. |
«Il a dû me prendre pour une indiscrète!» songea-t-elle, en reprenant sa descente.
Les jeunes gens étaient adossés à l’escalier. Lilette, très droite, passa sans tourner la tête. Mais elle sentit peser sur elle le regard du jeune homme.
Sa compagne en prit sans doute ombrage, car elle fronca légèrement ses fins sourcils.
— Qui est cette petite? interrogea-telle.
— Je l’ignore, chère Maggie! Je pense qu'elle doit être arrivée depuis peu.
— Cela m'étonne, Guy; vous l’avez regardée comme quelqu'un que vous connaissez réellement, indeed.
Il haussa jies épaules.
— Grand Dieu, chère, qu’allez-vous imaginer là ? ... Je vous jure que je vois cette jeune fille pour la première fois.
— Elle n'est pas mal, n'est-ce pas ? fit-elle, en lui lançant un regard soupçonneux.
— Très gentille! ... fit-il, avec une in
différence voulue, en allumant sa cigarette. :: . Cependant, Lilette avait mis le nez dehors. ! — Quel temps magnifique !... murmura-t-elle, contemplant avec satisfaction le ciel d’un bleu très pur. Il va faire chaud, aujourd’hui! ...
A cet instant, elle s’entendit héler :
— Déjà levée ?
Yves, nu-tête, en tenue de sport lui aussi, bras et cou nus, arrivait tranquillement, les mains dans les poches.
. —Moi qui vous croyais encore au lit! s’écria-t-elle, involontairement.
— Vous voyez bien que non!
Puis, tout de suite, il ajouta :
— Venez-vous faire un petit tour ? Je vais vous présenter Royan.
: —Je veux bien, mais il faut que j'aille voir si maman est éveillée : sinon, elle S'inquiéterait mortellement.
. Elle s’élança dans l'escalier, tandis qu’Yves s’approchait d’une table pour y prendre un journal.
‘ À cet instant, le jeune homme brun, que l’Anglaise avait appelé Guy, et qu’elle avait quitté un instant auparavant, s’approcha du jeune docteur.
— Pardon, monsieur, fit-il poliment, pourriez-vous me dire quelle heure il est, je vous prie ? ... Ma montre est arrêtée... . Yves jeta un coup d'œil sur son bracelet : ;
_— Neuf heures et demie, monsieur.
— Merci, monsieur !
Il eut une légère hésitation: de toute évidence, il voulait demander encore quelque chose.
. —ÆExcusez-moi, monsieur, mais peutêtre êtes-vous un vieil habitué de la plage; je viens à Royan pour la première fois. Savez-vous si le casino autorise la tenue de ville pour assister à ses représentations ?
, Yves inclina la tête.
— L'année dernière, oui. Cette année, je l’ignore. Cela dépend des pièces que l’on donne.
La connaissance était faite. D’ailleurs, en vacances, on se lie vite et facilement. Les deux jeunes gens s’assirent à la table qu'occupaient précédemment l’'Anglaise et son compagnon.
— Mais je ne me suis pas présenté, remarqua celui-ci. Excusez-moi, monsieur !
Et il tira une carte de sa poche.
— Je n’ai pas de cartes sur moi, fit Yves. Je suis Yves Le Gonnec.
— Le fils du grand professeur ?
— Oui!
— Je vous félicite, monsieur : votre père est un savant qui fait honneur à la science française. D'ailleurs, j'ai entendu dire que vous-même ...
Le jeune docteur haussa les épaules, en souriant :
— Vous êtes trop indulgent, monsieur. J’aide mon père, voilà tout ! Et j'aime ses recherches. Je les suis avec passion, car elles pourront soulager une partie de l’humanité souffrante ..….
À cet instant, l’Anglaise surgit. Elle fit un geste de surprise en voyant les deux hommes ensemble, puis, souriante, elle s’approcha.
Ils s'étaient levés.
— Je vous présente miss Maggie Mottson. Ma chère, le docteur Yves Le Gonnec, le fils de ce grand savant qui...
— Ah ! Je sais! fit la jeune fille, en tendant une main à Yves. J'étais très heureuse de faire connaissance avec vous et je souhaite que nous soyons de bons amis.
Elle s’assit à son tour.
Maggie Mottson était une vraie fille d’Albion, aux cheveux dorés et au teint étincelant. Elle aurait été même fort jolie, sans ses dents déplorables, assez blanches, mais disproportionnées, qui semblaient emplir sa bouche.
Soudain, elle tressaillit.
Lilette venait d'arriver et, stupéfaite, apercevait Yves avec ceux qu’elle avait déjà observés elle-même le matin. Elle eut un instant d’hésitation.
Mais le jeune homme brun, qui avait fort bien remarqué la camaraderie qui la liait au jeune docteur et n'avait peut-être si bien manœuvré pour faire la connaissance de ce dernier qu’à cause d'elle, s'était levé avec empressement.
Yves tourna aussi la tête et, la voyant, s’avança vers elie.
— Venez ; à mon tour, que je vous présente !... fit-il, en souriant.
Et, d’un double geste, il désigna ses deux nouveaux compagnons :
— Miss Maggie Mottson... Le comte Guy de Beauray ... Mademoiselle Jacqueline Devoncelle !
La jeune Anglaise lui fit un petit signe de tête assez sec. Quant au comte, il s’inclina profondément.
Lorsqu'il se releva, la jeune fille crut saisir sur ses lèvres l'ombre d’un sourire. Et, agacée, nerveuse, elle se sentit rougir jusqu’à la racine des cheveux.
CHAPITRE I]
UR la grande plage où frissonnaient les tentes à rayures rouges, oranges et blanches, plusieurs filets de tennis se tendaient comme des rêts pour capturer les jolies baigneuses. Lilette, Yves, ie comte Guy et miss Mag
Le Film, Montréal, juin 1947
gie se livraient une lutte sans merci, depuis la matinée. :
En quelques jours, ils étaient devenus inséparables. La villégiature favorise ces amitiés de rencontre: on habite porte à porte, dans le même hôtel ou la même pension ; on fraternise, on excursionne, on danse ensemble. Puis, à la brise fraîchissante, chacun s'envole de son côté, et tout l’hiver s'écoule sans que l’on entende parler des amis de vacances. Quelquefois, même, on ne les revoit plus: ils ont émigré vers d’autres cieux ...
Cette semaine avait suffi à Lilette pour se convaincre que le jeune comte était, cette année-là, le béguin de la plage. On ne le voyait qu’entouré d'un essaim de jeunes et jolies femmes.
— Qu'en pensez-vous ? avait brusquement demandé à Lilette une des jeunes filles de la bande. Il est terriblement séduisant, n'est-ce pas ?
C'était vrai: Guy de Beauray était un séducteur. Et il le savait.
D'ailleurs, il espérait bien exploiter son charme de la façon la plus profitable : les plages sont souvent des pépinières de riches héritières et il comptait, à la fois, sur son vieux nom et sur sa belle prestance pour trouver la dot qui lui permettrait de soutenir le train qu'exigeait sa naissance.
Il avait bien cru trouver en miss Maggie la future comtesse de Beauray : fille d’un richissime industriel londonien, la jeune fille apportait avec elle une fortune immense, et des espérances plus éblouissantes encore. Cependant, il ne s'était pas encore déclaré : sûr d’éclipser ses rivaux, quand le moment serait venu, il ne se pressait pas, trouvant qu'il serait toujours temps de s’enchaîner à la fin de la saison par une demande officielle. Ses succès mondains le flattaient, et les beaux yeux qui se levaient vers lui, les jolis sourires qu’on lui dédiait flattaient sa vanité.
Lilette elle-même devait s’avouer qu’en effet Guy était réellement ce qu'on nomme un charmeur. De grands yeux bleu pervenche, d’un azur sombre, frangés de longs cils, une sveltesse distinguée et cette désinvolture racée, élégante et un brin impertinente lorsqu'il prenait, comme disaient ses admiratrices, son air grand seigneur, lui attiraient tous les suffrages. Toute. la plage en était folle.
Aujourd’hui, Lilette et lui, sur le même court, disputaient une victoire âprement débattue à Vves et miss Maggie, tandis que deux jeunes filles et un autre jeune homme, assis sur le sable, regardaient en devisant.i :
— Jeu ! :
Lilette avait iancé le mot comme un cri de triomphe. Son dernier coup de raquette, suivi d’une maladroite riposte de l’Anglaise, cependant habile en ce sport, leur assurait le succès.
Miss Maggie ‘jeta une écharpe sur ses épaules et vint se laisser tomber sur le sable avec quelque dépit.
—dJ’ai joué comme une impossibilité ! avoua-t-elle,
Yves s’approcha d'elle, sa raquette à la main.
— Mais non! fit-il, en souriant. Vous avez été très bonne. Mais Lilette et Guy sont deux terribles raquettes.
Triomphant, celui-ci avait saisi la main de sa partenaire et la serrait avec force.
— Je vous remercie, Lilette! fit-il, Si nous avons la victoire, c'est grâce à vous!