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Guy avait suivi avec attention les différents jeux de physionomie des deux jeunes gens. Il remarqua la prière des yeux d'Yves et l’hésitation de Lilette. Mais à la réponse de celle-ci, il ne tiqua pas.
— Dommage !... fit-il seulement à mivoix, de telle sorte que, seule, la jeune fille l’entendit. k
Le groupe se sépara, Yves et sa petite compagne se dirigèrent vers une des stations où ils devaient prendre le petit tramway. Les autres entrèrent au casino.
Bientôt, ils s’installaient dans un de ces wagons découverts, qui datent de l’'Exposition de 1900, et qui contribuent à donner à la grande station balnéaire un cachet d'originalité.
— Pourquoi n'êtes-vous pas allée danser ? ... fit-il, brusquement.
Lilette rougit un peu.
— Parce que j'aimais mieux aller me promener avec vous, fit-elle, en levant vers lui son petit visage souriant.
Il la regarda et sourit, lui aussi. Et, sans rien dire, sa main pressa fortement celle de Lilette.
— Vous partez demain ? interrogea-telle.
— Oui !
— Pour longtemps ?
— Une dizaine de jours, je pense.
— Tant que ça ?
Il se pencha un peu vers elle.
— Vous trouvez que c’est long ?
— Il me semble, oui...
Il porta la main à ses lèvres et y déposa un léger baiser.
— J’en suis heureux ! fit-il.
Le trajet entre Royan et Saint-Georgesde-Didonne, charmant petit coin posé à gauche de la longue plage, derrière la ligne rocheuse de Vallières, est court. Un quart d’heure plus tard, ils débarquaient et prenaient la route de la forêt.
Une immense ceinture de pins entoure la plage et offre, aux amateurs de la belle nature, mille coins charmants. Ils s’assirent au pied d’une dune hérissée de pins et d'yeuses, sur le tapis roux et piquant des aiguilles.
— Comme il fait bon ici! s’écria Lilette, en arrachant une herbe et en en chatouillant les narines de son compagnon.
Celui-ci éternua.
— Dieu, quelle gosse vous faites!... Quand serez-vous sérieuse, Lilette ?
Elle éclata de rire.
— J'ai bien le temps!
— Après tout, fit-il, vous avez raison !
Ils ne dirent plus rien et contemplèrent le ciel, qui commençait à se teindre des nuances crépusculaires.
— Lilette ? ...
Elle tressaillit.
— Quoi ? ...
Il la regarda profondément.
— N'avez-vous jamais pensé que ces soirées sont douces, quand on est deux à les regarder ?
Elle baissa les yeux et voulut rire, troublée, pour cacher son émotion.
— Peut-être ... ;
— Ne croyez-vous pas que cet infini du ciel et de la mer ouvre aussi un infini d’espérance ?
Une vision passa sous les paupières micloses de la jeune fille: celle d’un grand jeune homme, au regard d’azur nocturne, étrangement émouvant.
Et, brusquement, elle pensa, qu’en effet, il serait infiniment doux de regarder le
Le Film, Montréal, juin 1947
ciel mauve et vert, à cette heure de rêve, avec sa main dans la sienne. Pourtant, Yves...
Elle le regarda à son tour. Les yeux noirs reflétaient une lueur qu’elle n’y avait jamais vue auparavant.
— Lilette ... commença-t-il, à mi-voix.
Mais la jeune fille, d’un bond, s'était relevée.
— Il se fait tard, Yves, et maman va s’inquiéter. Il faut rentrer.
Elle partit devant, en chantonnant et en mordillant sa tige d’herbe. Yves la suivit.
— Allons, fit-il avec un léger soupir, il est peut-être encore un peu tôt!... A mon retour ...
CHAPITRE IV
Extraits du journal de Lilette. Royan, 5 juillet 19...
Yves, Guy ..….
Deux noms. Deux fantômes.
Le premier, j'en suis sûre, m'aime. Je l'avais pressenti jusqu’à hier. On a beau n'être qu’une simple universitaire, il y a cependant des choses qui ne trompent pas. Et hier, au cours de la promenade faite en tête à tête, si je ne l'avais arrêté, il m'avouait tout...
Pourquoi ne l’ai-je pas laissé continuer ? Pourquoi l'ai-je interrompu ?
Voilà! C’est qu’il y a aussi Guy.
M'aime-t-il, celui-ci ?
Et moi, est-ce que je l'aime ?
Pas encore, je ne le crois pas... Mais j'ai bien peur d’être sur la pente ..… 6 juillet.
Yves est cependant un bien charmant compagnon. Près de lui, je me sens protégée, à l’abri de tout ce qui peut arriver de mauvais dans la vie, J’ai une confiance totale en lui.
Il est parti ce matin, pour son excursion. En son absence, je ne fréquenterai guère la bande, je pense... J'irai lire tranquillement dans un coin de la plage.
J'ai un peu peur de Guy. D'abord, il est trop beau pour un homme. Il est inquiétant. Puis, toutes les femmes lui courent après. Miss Mottson, entre autres, s’affiche carrément. Mais on lui pardonne tout: elle est Anglaise et milliardaire.
7 juillet.
Ce matin, je me disposais à partir pour Pontaillac, avec un volume de Verlaine pour tout compagnon, lorsque Guy est venu me rejoindre dans le hall.
— Pourquoi ne vous a-t-on pas vue, hier ? m’a-t-il demandé aussitôt.
J'ai menti un peu:
— J'étais fatiguée.
— Et aujourd’hui ?
— Cela va mieux ...
— Alors, vous venez sur la plage ?
-Je montrai mon livre.
— Je pensais aller lire par là...
— Qu'est-ce ?
Il l’a ouvert.
— Des vers? Verlaine ? Vous avez raison. La poésie est une grande consolatrice : on oublie bien des laideurs avec un beau sonnet! Et Verlaine est un de mes préférés.
Il se mit à lire:
Il pleut dans mon cœur Comme il pleut sur la ville... Quelle est cette langueur
Qui accable mon cœur ?