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Etes-vous déprimée ? Nerveuse ? Sans énergie ? Délaissée ? La vie n’a-t-elle pour vous que des désagréments ? Souffrez-vous de maigreur ? de vertiges ? de migraines ? et votre teint a-t-il perdu sa fraîcheur ? C'est alors que vous avez le sang trop lourd, de ce sang non purifié qui cause de pénibles désordres dans votre organisme.
Faites alors votre cure de désintoxication naturelle. Les éléments concentrés qui constituent le merveilleux
TRAITEMENT SANO "A"
élimineront tous ces poisons. De jour en jour vos chairs se développeront et redeviendront fermes, votre teint s’éclaircira, vous serez plus attrayante avec tout le charme de la jeunesse. Envoyez cinq sous pour échantillon de notre merveilleux produit SANO “A”.
Correspondance strictement confidentielle.
Mme CLAIRE LUCE,
LES PRODUITS SANO ENRG. Case Postale 2134, (Place d’'Armes), : Montréal, P.Q.
Ecrivez lisiblement ci-dessous.
que je veux vous dire ne peut se dire devant témoins : Lilette, je vous aime!
Eberluée, interdite, je le regardais, je l’écoutais.., Il me semblait, en vérité, que c'était une autre Lilette qui était à ma place.
— Je vous ai aimée dès le premier instant où je vous ai vue... continua-t-il. Je vous revois, penchée sur la rampe de l'escalier ... Comme vous êtes jolie, Lilette!... Tout de suite, j'ai senti que vous m'aviez enlevé le cœur... C’est votre image, votre seule image qui reste, jour et nuit, devant mes yeux... J'ai voulu faire votre connaissance ... Vous êtes bien telle que je l’espérais: votre intelligence, votre âme sont dignes de votre beauté ...
Il avait plié un genou devant moi et me regardait de ses beaux yeux implorants. Je me sentis bouleversée,
— Lilette, reprit-il, plus pressant, je vous aime... Je vous adore avec tout ce qu’il y a de meilleur en moi... Lilette, voulez-vous être ma femme ?
Je ne sais alors ce qui se passa en moi. Je sentis le sol se dérober sous mes pieds et je glissai en arrière. Il s'était élancé et m'avait retenue.
— M'aimeriez-vous donc un peu? chuchota-t-il.
Je ne sais trop ce que j'ai répondu. J'étais si profondément émue que je ne me souviens plus de ce que je lui dis alors. Je dus parler de miss Mottson, car il répliqua vivement :
— Ne me parlez pas de cette Anglaise ! Je vous donne ma parole que je ne l'aime pas.
Et tout bas, il murmura, en me pressant contre lui:
— Ma fiancée !...
C'est donc fait: je suis la fiancée du comte Guy !
Pauvre Yves!
Pourquoi donc est-ce que je pense tant à lui, maintenant ? ...
Nous sommes revenus, tout tranquillement, en nous donnant le bras. Jé l’écoutais parler ; c'était délicieux !
Seulement, il m'a demandé d’attendre quelques jours avant d’en parler à nos amis de la plage. Sans doute veut-il avant consulter sa famille ? ... C’est tout naturel !
— Nous garderons notre cher secret à nous deux, tout seuls! m’a-t-il chuchoté alors que nous entrions dans les jardins du casino.
Il m'a furtivement baisé la main et nous avons regagné nos places, de l'air Le plus innocent du monde.
Mais cette petite peste de Maryse, en me voyant, a insinué :
— Comme vos yeux brillent, Lilette! Est-ce Chopin qui vous produit un tel effet ?
Je l’aurais volontiers étranglée.
Mais que vont-elles dire, toutes, dans quelques jours ? Et miss Mottson ? ...
9 juillet.
Nous avons passé toute la journée sur la plage. Miss Mottson, remise de sa migraine, était revenue nous rejoindre. Naturellement, il a fallu qu’elle accapare Guy. Ces insulaires sont réellement d’une désinvolture qui frise l’impertinence.
Au tennis, elle ne veut jouer qu'avec lui. Au bain, elle l’entraîne à sa suite, Au dancing, il aoit la faire danser constamment. Ce soir, rous sommes allés au thé
Le Film, Montréal, juin 1947 :
du Glacier. L’orchestre y est excellent. Eh bien ! c’est à grande peine s’il a pu me faire danser deux ou trois fois. Maggie n’attendait pas qu'il l'invite. Elle aurait peut-être pu attendre longtemps, c’est vrai. Elle proposait, dès les premières mesures de l’orchestre :
— Guy, ce tango ?
— Venez danser ce blue...
Et comme il est parfaitement bien élevé, naturellement, il obéissait.
Cependant, à quelques reprises, il a pu s'échapper. Il m'a invitée. Et, pendant une danse, il m'a murmuré :
— Cette Maggie est insupportable. Vraiment, elle me chambre !
Puis, tout de suite, il m'a demandé quelles pierres je préférais...
10 juillet.
Maggie doit se douter de quelque chose, car elle me regarde d’un air tout juste aimable et ne manque pas une occasion de m'être désagréable.
Après-midi, elle a même été impolie.
Nous étions tous réunis, après le bain, au soleil, étendus sur la plage, en maillots.
Je suis plutôt petite. Mais, elle, elle est immense : elle est même un peu plus grande que Guy, qui est pourtant un beau garçon.
— Je ne comprends pas, a-t-elle insinué, qu’une femme trop petite de taille se permette le maillot... C'est réellement disgracieux ! ...
En disant cela, elle me regardait fixement.
Je me suis senti rougir jusqu’à la racine des cheveux. Mais Guy, tout de suite, a vivement relevé le gant :
— Je ne suis pas de votre avis, miss. Le maillot va aussi bien aux petites qu'aux grandes, à condition d’être bien faites.
Maggie a voulu le pousser dans ses derniers retranchements.
— Réellement, Guy, que préférez-vous ? Une femme grande ou une femme petite ?
— Cela dépend de la femme elle-même, a-t-il répondu ; mais, en général, les petites femmes sont plus désinvoltes que les grandes ; elles semblent de vivantes poupées !
Et, à son tour, il me regardait.
Miss Mottson a compris; elle a parlé d'autre chose...
12 juillet.
Je ne sais ce qu'avait Guy, ce matin: il avait l’air ennuyé, triste.
André l’a remarqué aussi, car il lui a dit :
— Qu'est-ce qui ne va pas, mon pauvre vieux ?... Tu as l’air tout chose... Aurais-tu mal dormi ? ...
Il a esquissé un sourire.
— Il est vrai que la nuit a été plutôt courte: je me suis couché à quatre heures...
Puis, il est parti avec André et nous n'avons pas entendu la suite de la conversation. Mais j'imagine qu’il devait être au baccara ou à la roulette... Il m’a confié qu'il était joueur ..
Je n'aime pas ce défaut : tout cela changera dès que nous serons mariés.
14 juillet. Aujourd'hui, fête nationale. Pour fuir les pétards et les autos, la poussière: et les encombrements, nous [ Lire la suite page 27]