Le Film (juin 1947)

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Le Film, Montréal, juin 1947 — De grâce, papa, tais-toi! fit-il, d’une voix altérée. Le vieux docteur reposa sa tasse de café et le regarda en face. — Qu'est-ce que tu as?... fit-il, d’une voix plus douce. Le jeune homme avait enfoui sa figure entre ses mains. — Diable! diable! grommela le professeur Le Gonnec. Allons, il y a encore de l'espoir ..… Il se leva et, s’approchant de son fils, lui frappa doucément sur l’épaule. — Tu l’aimes, n'est-ce pas? murmurat-il. é Yves inclina la tête. Une souffrance profonde creusait ses traits. — Hélas !... murmura-t-il. Oui... — Ecoute, mon petit. Je crois qu’au point où nous en sommes, le mieux serait de me débrider tout de suite cette plaie-là. Vas-y carrément : mets-y le bistouri. Ça fait un peu mal d’abord, mais on est soulagé ensuite... D’abord, pourquoi ce hélas? Je suis sûr que Mme Devoncelle — Oui... Mme Devoncelle... Mais Lilette ! — Lilette ne t'aime pas ?... Yves secoua la tête. — Non, papa ! — Bah! bah! tu m'étonnes... Patience mon fils, nous verrons bien. CHAPITRE Viil ILETTE s'était éveillée, toute faible, encore brisée... Elle jeta un regard étonné sur sa chambre. Comment se trouvait-elle 1à?... Elle fronça les sourcils, cherchant à rassembler ses souvenirs. Puis, soudain, la lumière se fit. Le bain ... la mer chantante, caressante, attirante... Puis, la glissade au fond de l’abime... Par quel miracle se trouvait-elle dans son lit, maintenant ? Evidemment, quelqu'un l'avait sauvée ! Qui ? .. Elle sentit une faim terrible gronder dans ses entrailles. Elle appela doucement : — Maman ! Les mères ont l'oreille fine. Mme Devoncelle, à travers le mur, entendit le faible appel. Elle accourut. — Ma Lilette ! fit-elle, folle de joie. Comment te sens-tu ? ... — Mais très bien, maman... J’ai faim, tu sais ? ... Quelle heure est-il ? ... — Cinq heures et demie... Je vais te faire monter quelque chese. Le docteur Le Gonnec a dit que si tu voulais manger, tu pourrais prendre un bol de bouillon et quelques biscuits trempés dans un doigt de vin vieux. — Il veut me faire mourir de faim, je vois ça! — Si tu te sens vraiment bien, ce soir, tu dîneras. Je ferai monter le repas ici. — Qui est-ce qui m'a ramenée ici, maman ? Mme Devoncelle, qui avait sonné, se retourna. É — C'est Yves qui t'a sauvée, ma petite fille. Tu lui dois une fameuse reconnaissance, je t’assure !... Sans lui... — C’est Yves!... s’écria la jeune fille, émue. Mais il n’était pourtant pas avec moi ? ..… — Quand il s’est aperçu de ta disparition, il est parti à ta recherche. Heureu sement, il est arrivé juste à l'instant où tu coulais à pic!... Tu vois, ma pauvre ché rie, comme c’est dangereux de partir si loin, surtout seule ! Lilette baissa ia tête. Elle se sentait horriblement coupable. Si elle était morte, que serait devenue sa pauvre maman ? ... Elle l’avait oubliée, là-bas, sur la mer endormeuse ... Une boule de sanglots lui montait à la gorge. Heureusement, la bonne, portant un plateau servi, vint faire diversion. Lilette, avec un merveilleux appétit, dévora son goûter. — Maman, dit-elle entre deux bouchées, tu devrais peut-être aller voir si Yves est là... Je voudrais le remercier... — Tu as raison, ma petite fille. Quand la femme de chambre reviendra chercher le plateau, je lui demanderai de faire monter Yves et le docteur Le Gonnec. Mais le vieux professeur, seul, se trouvait aux Autans. Il monta tout de suite. — Enfin ! enfin !... s’écria-t-il, en apercevant la jeune fille, assise sur son lit. Voilà notre rescapée ressuscitée ! Il s’approcha et tapota affectueusement une des joues qui reprenaient leur couleur rose. — Docteur, je voulais vous remercier tout de suite des soins que vous m’avez prodigués, commença Lilette. Je regrette qu’Yves ne soit pas là... J’aurais voulu lui exprimer aussi ma reconnaissance ... — Bah! bah! 11 n’y a rien de perdu pour cela ! Comment vous trouvez-vous ? — Très bien ! I] lui saisit le pouls, compta les pulsations. — Encore un peu faible. Demain, il n’y paraîtra plus! — Je ne peux pas me lever, ce soir ? — Si vous y tenez absolument... Mais je vous conseille de rester étendue sur votre chaise longue, ma petite. Après une commotion pareille, il faut un peu de repos. Il se leva et se dirigea vers la porte. — Je vous laisse, ma toute belle! Avant dîner, je reviendrai vous voir avec Yves. Il sortit, laissant les deux femmes en tête à tête. Mme Devoncelle s’empressa à chercher du linge et un peignoir. — Je vais t'aider, déclara-t-elle, Où sont tes mules ? — Dans ma valise, maman, dans le cabinet de toilette. La vieille dame passa à côté. Les malles, les cartons de voyage, s’empilaient dans un coin de cette petite pièce, qui séparait la chambre des deux femmes. Soudain, elle sentit sous ses doigts une sorte de livre plat. Elle le saisit, le retira. C'était un cahier, fortement relié. — Qu'est-ce que c’est? murmura-t-elle. Elle l’ouvrit. C'était le journal de Lilette. Les quelques mots qu’elle y lut sans doute la stupéfièrent, car elle étouffa une légère exclamation de surprise. Puis, rapidement, elle entra dans sa chambre, glissa le cahier dans un tiroir et revint doucement. — Voilà tes mules, fit-elle, en posant les chaussures légères sur la descente de lit. Lilette se laissa glisser. La tête lui tournait un peu. Tout de même, elle se raïdit. Aidée par sa mère, elle s’enveloppa du peignoir. Puis, bien calée par des coussins, Pour vos moments de loisirs ... lisez LE SAMEDI Le plus grand magazine hebdomadaire du Canada, LE SAMEDI, ne cesse de grandir. Depuis nombre d’années, c’est un magazine complet: romans, contes et nouvelles, actualités, mots croisés, sport, radio, cinéma, modes, articles sur tous les sujets, chroniques nombreuses. 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