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Le Film, Méntréal, mai 1949
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… On ne peut toujours vivre avec ses morts, et si le coeur d'une femme
DH ; 1 EN
peut trouver l'oubli de son chagrin dans un autre amour, il lui faut
mettre une cloison entre son passé et son avenir. Mais la chose se peut-elle toujours’.
«Mon avancement n'y sera pas aussi rapide certainement, mais j'aurai du moins la catisfaction d: ne pas laisser ma femme seule au logis pendant des mois et des mois.
«J'espère que mon oncle François ne trouvant plus aucune objection à faire à notre union, et complètement tranquillisé sur notre avenir, voudra bien enfin, m’accorder ta main, quand je lui ferai officiellement ma demande ‘en mariage.
La «Villa des Roses», où l'ingénieur Hébrard était venu se fixer depuis quelques années déjà, se trouvait être située non seulement tout auprès du Bois, mais encore à une très courte distance du Parcaux-Princes.
Sous le coup du chagrin que lui avait causé la perte de sa femme, à la suite d'une douloureuse maladie, François Hébrard s'était rendu acquéreur de cette villa, autant pour s’arracher aux tristes souvenirs du lieu où la mort avait passé inexorable, que pour élever au grand air sain. sa fillette unique, Jane, dont la santé était plutôt délicate.
François Hébrard eût. pu vivre là, en paisible rentier, ainsi que le lui permettait une fortune assez rondelette, s’il n’avait point en l'esprit sans cesse tourmenté par la poursuite d’inventions nouvelles qu’il s’efforçait de perfectionner afin d’en exploiter les brevets pris par lui.
C’étaient là des entreprises plutôt hasardeuses et où, malheureusement, s’engloutissait le plus clair de ses revenus, sans qu’il vit se réaliser ses rêves quelque peu chimériques.
Non point que ses découvertes fussent dénuées d'intérêt ou d’application difficile, mais l'ingénieur manquant, comme tous les inventeurs en général, du sens pratique des affaires, était incapable : de mener à bien ces essais, dans lesquels il s'engageait souvent fort à la légère.
Ses travaux, du reste, tout en le passionnant à l’extrême, avaient un but bien déterminé : il cherchait dans la réussite future de ses ‘entreprises, le moyen d’assurer le parfait bonheur de sa fille, en la rendant absolument indépendante grâce à la fortune qu’il rêvait pour elle.
Elle avait bien le temps encore de songer à se marier, et s’il venait à disparaître avant de la voir établie comme il le rêvait pour elle, tout au moins serait-elle à même de fixer son choix, sans être poussée au mariage par les exigences ou les nécessités de la vie.
Aussi Jane était-clle dans le vrai, en assurant à Daniel que jamais son père n'avait soupçonné qu’une idylle, si douce fut-elle, pût s’ébaucher entre elle et son cousin, dont l'avenir pouvait être fort brillant dans la Marine, mais peu fortuné à l'heure présente.
Jane venait de se lever du b2nc où, aux côtés de son cousin, elle était assise dans le kiosque rustique et se dégageant de 53
tendre étrsinte, elle murmura à vaix basse: — I] faut que je te quitte, mon Dan. Père ne saurait tarder à rentrer maintenant, et il faut que je veille aux préparatifs du dîner... «Notre diner d'adieu, ajouta-t-elle en
. cherchant à étouffer un sanglot que ce
souvenir inopiné lui faisait monter à la gorge.
CHAPITRE Il
EPUIS quelques jours déjà, le «Triton », qui se trouvait au large de la côte, mouiilant en vue des Salins d’'Hyères, ls commandant Pomeyrol venait de donner ses instructions, aussitôt transmises à l'équipage. ï Des exercices de tir au canon, suivant le programme de ces manoeuvres maritimes, allaient être effectués par la batterie de tribord, afin d’expérimenter les poudres récemment reçues et embarquées à Toulon. Des instructions, en effet, qui venaient de lui parvenir du Ministère de la Marine
SUR LE VIEUX BANC DE L'AVENTURE
Ce Dimanche tu es venue
Pour .m'attendre comme autrefois Sur Le vieux banc de l'avenue, D'où tu m'as souri tant de fois!
Vaine attente, peine perdue,
Tu nas attendu jusqu'au soir Sur Le vieux banc de l'avenue; Tu m'as attendu sans me voir.
Pourtant, depuis, tu contitities À caresser tes souvenirs Sur Le vieux banc de l’ävenue, Où tu persistes à venir.
Or, à la nuit, je t'ai revue és Comme je passais par hasard,
Sur Le vieux banc de l'avenue
Où tu révais encor, si tard... re
Comme à côté d'une inconnue
Pouvais-je ainsi, tout droit, passer Près du vieux banc de l'avenue, Sans y courir pour t'embrasser !
Tendre enfant que jai méconnue, Entre tes mains reprends encor, Sur Le vieux banc de l'avenue,
Mon faible coeur gros de remords.
Pour fêter cette bienvenue
Nous reviendrons, le soir, toujours, Sur Le vieux banc de l'avenue
Où j'ai retrouvé mon amour !
Jean CLARY (Extrait de: Le jeu de Dames)
scus pli cacheté, étaient formelles à ce sujet et annongçaient de sérieux accidents, récemment survenus à bord de divers cuiracsés.
Il fallait absolument s'assurer si les poudres qu’on prétendait détériorées e autour desquelles la Presse menait une violente campagne d'opposition n'avaient point été affectées par un trop long emmagasinage, comme on semblait l’insinuer.
Cette nouvelle avait littéralement bouleversé Pomeyrol qui trouvait bien extraordinaire, qu’on voulût l’obliger ainsi à risquer l'existence de braves marins, alors que ces expériences rendues nécessaires ji! en convenait, pouvaient fort bien être confiées au Service des Poudres, dans des lieux spécialement destinés à cet usage :
Mais, homme du devoir avant tout, et na connaissant que sa.stricte consigne, il avait résolu de se conformer aux ordres reçus.
Il était animé, néanmoins, de sentiments hostiles à l'endroit du Ministère qui, avec une légèreté coupable à ses yeux, et daris le seul but d’expéri:nces à tenter, n’hésitait pas à expocer à un accident possibie, à une catastrophe peut-être même, de braves gens, puis au pays, laissaient femmes et enfants derrière eux.
Aussi n'avait-il vu que d’un mauvais oeil, l’arrivée de l’enseigne Daniel Serva, que lui dépêchait le Ministère.
Il venait faire un stage de service acte ?
Eh bisn! ce ne serait que justice d’affecter à la surveillance de ces expériences ce plumitif des bureaux. ;
Pourquoi toujours les mêmes aux rudes labeurs de la vie maritime, quand d’autres — toujours l:s mêmes aussi — passaient leur temps à gratter du papier au Ministère, à l’abri du danger ?
Le commandant Pomeyrol n’était point un méchant homme, malgré tout, il résista à ce mouvement de mauvaise humeur. Son animosité première à l'endroit de Serval fut bien vite corrigée par ce sentiment de l'équité qu'il poscédait au plus haut degré.
Ne voulant même pas s’en remettre au hasard pour décider du choix des marins chargés des expériences à faire, il demanda des volontaires, cinq hommes de bonne volonté, qui s2 présentèrent aussitôt.
Daniel, qui s'était rendu compte du premier mouvement d’animosité de son chef à son égard, se piqua d'honneur à le faire revenir sur sa mauvaise impression et se trouvant être l’un des plus jeunes officiers du bord, s’offrit spontanément pour commander à ces braves.
—Je ne vous cache pas, mes enfants, déclara Pomeyrol, que d’après la note du Ministère, il peut y avoir de graves dangers à courir. Nous n’en savons rien encore.
«Si donc, il y en avait parmi vous qui hésitent, devant l'inconnu, il est temps encore de réfléchir et en ce cas, je procèderai à un tirage au sort.