Le Film (mai 1949)

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‘30 une fortune inespérée. Il me faudra imiter leur exemple et croire à mon bonheur, moi aussi !.… CHAPITRE VII ILLIAM PARKER avait beau être doué d’un flegme imperturbable, la lettre qu’il reçut ce matin-là du père de Jane, et où l'ingénieur le priait à venir le voir, lui mit au coeur une émotion peu banale. Ses traits s’éclairèrent même d’un rayon de joie, comme il relisait une fois encore ces lignes où il semblait deviner un espoir de ‘bonheur. Et tout de suite, il eut la vision de cette délicieuse Jane Hébrard, dont la rencontre inopinée avait apporté un si brusque changement dans toute son existence. Et maintenant, on l’invitait à venir à la « Villa des Roses » ? Ce devait être, sans nul doute, que la réponse de M. Hébrard et celle de sa jeune fille, devaient être favorables à sa demande en mariage. — Monsieur Parker, fit l'ingénieur, dès que l’Américain fut introduit au salon, j'ai consulté ma fille au sujet de votre demande qui nous honore, elle et moi... «Jane vous avait, elle aussi, remarqué lors de ses promenades au bois, en compagnie de Mlle Larive. Elle savait également qui vous étiez. Mais jamais elle n’eût espéré qu'avec votre immense fortune, vous pourriez songer à elle: — Alors elle consent? interrogea anxieusement Parker... — À vous accepter pour époux ? Ecoutez, mon cher ami, je crois que le langage des amoureux n’a pas besoin de maître. Jane va être ici dans un moment, je vous présenterai «officiellement » l’un à l’autre, à vous de savoir la décider, en usant envers elle de tendres paroles... «Pour a paït, je ne puis que pleinement vous autoriser à faire votre cour. Quelques instants après, les deux jeunes gens dûment présentés, l'ingénieur se re tira discrètement dans son cabinet, voisin du salon, prétextant un travail pressant à terminer. : Parker qui avait apporté un superbe bouquet de lilas blancs, l’offrit à la jeune fille qui, les yeux baïssés, ne put s’empêcher de rougir, à cette délicate attention de l'Américain. — Mademoiselle, commença-t-il, sans que son accent étranger fût très prononcé, la nouvelle que vient de me donner M. votre père, a mis le comble à mes espérances les plus chères et vous voudrez bien en souvenir de ce jour, tout de bonheur pour moi, accepter ces quelques fleurs... — Monsieur Parker, répliqua Jane encore toute émue, je ne sais vraiment comment vous remercier. — Vous aimez les fleurs, n'est-ce pas ? Vous ne seriez pas femme, d’abord, si vous ne les aimiez pas... — Mais laissez-moi vous dire, continuat-elle sans paraître s’apercevoir du galant propos, que jamais je n’aurais pensé que vous auriez pu arrêter vos regards sur moi, une pauvre fille sans fortune... — J'en ai pour nous deux, répondit son interlocuteur simplement et sans ostentation... — Je veux bien. Mais peut-être dans votre monde, auriez-vous pu trouver mieux que moi... — Mon monde ?.… — Oui... enfin, je ne sais pas. parmi les personnes que vous fréquentez dans les sons ie — Je ne vois personne. Je suis seul au monde et les milieux que je fréquente sont ceux uniquement où «il faut» que William Parker soit vu, en raison même de sa fortune. Les salons n’ont jamais eu d’attraits pour moi, mais je me ferai un plaisir d’aller dans ce qu’on est convenu d'appeler «le monde », le jour où je pourrai y conduire Mme William Parker, appuyée à mon bras. «Je suis venu, ce soir, pour savoir votre réponse. Voulez-vous consentir à être Mme Parker, comme je vous en prie ? Jane eut un instant d’hésitation, puis pour toute réponse elle mit sa main dans celle que lui tendait William. Il y eut un silence que l’Américain n'’osait rompre. Jane enfin, dégageant doucement ses doigts, choisit au milieu de son bouquet quelques tiges de lilas qu’elle disposa délicatement dans un grand vase. Et comme ïl l’aidait gauchement, du mieux qu'il pouvait, elle le’ questionna presqu’à brûle-pourpoint : — Etes-vous bien sûr de m’aimer, monsieur Parker ? — Pourquoi dire : Monsieur ? Pourquoi : Parker ? Mon nom, William, est-il donc si difficile à prononcer ? —Etes-vous bien sûr de m’aimer… William ? répéta-t-elle alors, sans relever ce qu'il venait de dire. — Mademoiselle Hébrard, je ne voudrais pas... Ce fut à son tour de le reprendre : — Pourquoi : mademoiselle ?.. Pourquoi: Hébrard ? Jane est-il donc si difficile à dire ? Et Parker aussi, rectifia : — Jane, je ne voudrais pas que vous puissiez croire un seul instant que je vous eusse demandée en mariage si je n'avais pas éprouvé pour vous la plus profonde et la plus sincère des affectoins. Nous autres, Anglo-Saxons, nous pouvons être froids, d'apparence du moins, mais quand l'amour s’est emparé de notre coeur autant que de notre cerveau, il nous tient bien enserré dans ses griffes roses. « Du premier jour où je vous ai aperçue, Jane, je: vous ai aimée... «Peut-être n’éprouvez-vous pas encore pour moi, un sentiment aussi puissant que le mien, mais je m'efforcerai par ‘tous moyens en mon pouvoir, de gagner votre coeur... — Et si vous n’y réussissiez pas ? — C’est que j'aurai été un maladroit. — Ces lilas embaument, murmura la jeune fille, en cherchant à détourner la conversation... Longtemps encore, William Parker parla des projets qu’il avait formés pour l’avenir, en lui disant qu’il ne négligerait rien pour assurer son propre bonheur, à elle, ainsi que celui de son père. Mariés, ils feraient leur voyage de noce là où Jane le désirerait. Il la laissait libre de fixer son choix. Puis, au retour, on s’installerait dans la maison que Parker possédait au Parc des Princes et qui aurait été tout exprès aménagée durant leur absence. François Hébrard, de cette façon, ne quitterait pas sa chère « Villa des Roses », Le Film, Montréal, mai 1949 et se trouverait dans le tout proche rvoisinage du jeune couple. ÿ ie Et tout en prêtant l'oreille aux paroles de l'Américain, Jane se laissait gagner au charme enveloppant tous ces beaux rêves, qu'elle avait peut-être déjà “faits, mais n'aurait jamais cru devoir se réaliser un jour... Ils en étaient là de leur tendre entretien, quand Hébrard vint les rejoindre au salon, en les prévenant d’une toux qu'il jugeait fort opportune. En pénétrant dans la pièce, il eut un large sourire. Il avait compris que les préliminaires, au cours de cette intime causerie des deux jeunes gens, avaient fait de grands pas et qu’ils devaient s'entendre à merveille. Ses bons yeux de vieillard se voilaient légèrement aussi, car il savait que, de ce jour, les deux jeunes gens pouvaient se considérer comme fiancés. — Parker, fit alors l'ingénieur en frappant familièrement son futur gendre à l’épaule, pour fêter l’heureux événement qué -je devine, à vous voir tous deux, nous vous retenons à diner. Oh! pas d’excuses…. Allons, c’est entendu... Vous restez ! L’'Américain consulta Jane du regard, et celle-ci lui dit simplement, avec un gracieux sourire : — Mais oui... restez, William !.… C’est moi qui vous en prie. CHAPITRE Vill E mariage avait: été célébré avec tout l’éclat qu’exigeait la riche situation de William Parker et malgré que Jane eût préféré plus de simplicité. Le jeune couple avait fait son voyage de noce en Italie et était venu s'installer dans la maison du Parc des Princes, complètement transformée durant leur absense et où tout était luxueusement aménagé. Dans les premiers temps, Jane se soumit docilement aux exigences mondaines, obligations inévitables, du rang qu’elle était appelée à tenir dans l’avenir. Puis elle s’en fatigua, laissant entendre à son mari que, le soir venu, elle se plairait plus dans l’intimité de son coin de feu qu’à sortir. Parker semblait préparé à ces préférences de sa femme et peut-être même partageait-il sa manière de voir, mais il lui était vraiment impossible de se confiner entièrement dans cet éloignement d’un monde qui eût pu trouver à jaser. Un soir, William vint rejoindre sa femme dans son boudoir. Comme d’habitude, en smoking, une fleur à sa boutonnière, il trouva Jane, assise dans une merveilleuse bergère Louis XVI, et plongée dans la lecture d’un roman. Elle leva à peine les yeux, à son approche. Doucement, il posa la main au dossier du fauteuil, et murmura : — Jane, vous ignorez sans doute que c'est ce soir la première de « Coeur brisé », au Vaudeville.. — C'est vrai. Le théâtre m'intéresse si peu, mon ami... — Aussi ne vous ai“je même pas demandé de m'y accompagner Je cherche en vain à vous distraire. — Mais, mon bon William, pourquoi vous donner tout ce mal? Si vous saviez combien je me sens heureuse de la douce in [21