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Le Film, Montréal, septembre 1949
tre eux dans leur cadre naturel, et si le travail demeure au premier plan, la vie de la communauté sera celle même des quatre saisons, et celle aussi des saisons de l'homme. Il y aura des naissances, il y aura des morts, et les principaux personnages extérieurs au milieu-type, à la famille élue par la camera, seront le prêtre et le notaire. Georges Rouquier passe du documentaire pédagogique (Le tonnelier) au documentaire sociologique que sera sa nouvelle oeuvre.
Ainsi est né Farrebique. L'auteur montre la vie d’un village du Rouergue, où les seuls événements sont de savoir si la ferme sera électrifiée, et comment seront divisées les terres après la mort du père. Le document est irrécusable, jusque dans le patois. Ne serait-il que cela, ses mérites seraient grands. Mais il est encore un excellent morceau de cinéma pur, et il l’est de 3 façons. Il l’est par le choix et l'efficacité des images par leur valeur d’exposition: il l’est par la beauté d’un grand nombre d’entre elles, et l'espèce du rythme intérieur qu'un bon découpage a su communiquer à cette suite de photographies qui, à défaut de narration dramatique, auraient couru, en d’autres mains, le danger de n'être qu’un album. Mais Farrebique, long métrage. et assez lent, n’est pas un album: c'est une symphonie.
Epaves est un film plus court puisque la durée de projection en est d’une demiheure environ. C’est aussi un film qui ne va pas au-devant des mêmes risques. Les hommes, leur milieu, leurs problèmes, n'occupent, en effet, aucune place dans ce documentaire ; si ce n’est celle du témoin, et le sujet même est pour beaucoup, naturellement, dans le succès de l'oeuvre. Epaves est un film fidèle au contenu concret de son titre, réalisé par des semi-amateurs, sous la direction d’un officier de marine, le lieutenant de vaisseau Cousteau. C’est un film peuplé d’images grandioses et hallucinantes, où l’on voit l’homme, les pieds chaussés d'espèces de nageoïres de caoutchouc, explorer l’épave, tout un monde mort, des débris rongés, et des carcasses tordues, parmi le peuple des poissons. La lumière de la Méditerranée ajoute à la beauté de ce film. Il faut souhaïter que les auteurs puissent réaliser leur grand projet, qui est un documentaire fantastique de long métrage sur la ville d’Ys.
Cette jeune et jolie starlett, MARY RIQUELME, est la fille d’un ancien général espagnol; elle a 18 ans et est une des vedettes du film ‘Rendez-vous de juillet" que le metteur en scène Jacques Becker tournait dernièrement aux studios Francoeur. Lorsqu'elle arriva en France en 1939 elle ne parlait pas un mot de français mais elle le parle maintenant couramment et sans aucun accent.
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C'est un peu abusivement, du moins pour qui s’en tient à l’exacte définition des genres, que La partie de campagne, de Jean Renoir, peut être considérée comme un troisième aspect du documentaire francais. A la vérité, Jean Renoir, qui est l’un des fils du grand peintre impressionniste. a entrepris, environ en 1935, de tourner ‘un film dramatique sous ce titre, d’après une nouvelle naturaliste de Guy de Maupassant. Pour quelque raison, il a laissé son oeuvre inachevée. C’est ensuite l'un des siens — lui-même est pour le moment fixé à Hollywood — qui entreprit de monter et de sous-tirer les fragments du film. Celui-ci, tel qu'il est, dure une heure de'projection. C’est encore, si l’on veut, un film dramatique, tel que l’auteur l’avait voulu, mais où la ligne dramatique est rompue de telle facon qu'il ne reste plus que des personnages dans un décor, à peine portés par un argument ténu.
Le début du film est assez vulgaire. On y voit l’implacabilité du ridicule s'étendre sur une famille entière — père, mère, fille, fiancé de la fille — par des moyens fort
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gros. Mais quand s’amorce l'intrigue entre la jeune fille et un jeune homme différent de son fiancé, rencontré là, par hasard, Jean Renoir a complètement changé de ton, il s’est souvenu de son père, il a tiré un merveilleux parti de la lumière de l’Ile de France, de l’eau, des peupliers, des costumes 1900, et l’on avait rarement vu, depuis la Kermesse héroïque, le cinéma s'inspirer de la peinture avec autant de bonheur.
Des années passent, la jeune fille a épousé le fiancé médiocre, et non le brillant jeune homme. Mais nous ne le savons — c’est ici que la ligne dramatique est rompue — qu’en la voyant revenir avec son mari sur les lieux de la partie de campagne.
Le film n'appartient à aucun genre classé, mais il a le mérite d’annexer, sous une forme semi-documentaire, l’art de la peinture. Je ne sais si c’est là une voie fertile. Mais c'est une très jolie tentative.